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Eric Leguay, ma vie numérique

Le présent n'est que le futur passé...

Le pari fou du Grand-Paris

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"Il faudrait construire les villes à la campagne, l'air y est tellement plus sain" récemment attribué à Jean Louis Auguste Commerson en 1848, raisonne encore de toute sa force dans notre débat actuel autour du Grand-Paris. La fin des années 60, riches, prospères, Gaullistes et pleines de projets autant pharaoniques qu'inutiles (France, Concorde, Aérotrain, périphérique, La Défense etc.) allaient tenter de résoudre cette équation. Pour décongestionner ce Paris si étroit, si sale, si bruyant, si étudiant, si ouvrier et si contestataire, pourquoi ne pas construire des villes nouvelles, des villes loin de Paris, des villes sages à l'américaine, où il ne se passera jamais rien. Idée lumineuse des commissaires au plan de cette France si administrée et si colbertiste, que de construire des « Villes nouvelles ».

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Elles allaient naître et pousser comme des champignons, sans concertation politique, avec comme seul objectif ; voir la classe moyenne s'épanouir dans des Maisons Phénix et se divertir dans de grands centre commerciaux, le plus loin possible de Paris. Depuis 1972, Évry, Cergy, Saint-Quentin-en-Yvelines, Marne-la-Vallée, Sénart, allaient se couvrir d'habitations médiocres, de centres commerciaux bas de gamme, de bâtiments à l'architecture de béton proliférante, et de rocades, d'échangeurs, et de gare ReR en rase campagne, sans autre forme de vie, que celle de populations entières déplacées bon gré mal gré. Évidemment les emplois ne suivirent pas ou si peu que chacun, chaque matin, devra prendre son train rare et son ReR surchargé pour continuer à travailler sur Paris.

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Jamais Paris ne stoppa sa frénésie de bureaux, asséchant du même coup la possible délocalisation d'entreprises vers ces banlieues nouvelles. Pire encore vivre aussi loin de son lieu de travail augmente la fatigue, la pollution et le stress, sans parler du coût énergétique de cette migration permanente. Les sièges sociaux des grandes entreprises restent toujours dans le 8ième, et Levallois construit encore et toujours des mètres carrés de bureaux, suivis par Saint Denis, Pantin et Issy-les-Moulineaux. Il est donc devenu impossible se loger à Paris, de plus en plus difficile en proche banlieue, il ne reste plus que la grande banlieue pour trouver un logement à un tarif raisonnable.

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40 ans après, l'échec de cette politique est tellement flagrant et tellement évident que l'on imaginait quelques stratèges et fin politiques capables de siffler la fin de la récré. Il n'en est rien, la France restera toujours aussi Colbertiste et dirigiste, hier comme aujourd'hui et sans doute demain. Car après avoir vidé la banlieue, asséché les villes moyennes, le seul projet qui vaille est de faire de Paris, un « Grand Paris ». Un œil de cyclope gigantesque absorbant tout sur son passage, engloutissant 100km de diamètres pour mieux vider son centre, réservé aux riches touristes et aux Bobos fortunés. StarWars a son étoile Noir, la France aura son « Grand Paris », abandonnant du même coup toute politique de décentralisation et de de juste répartition des ressources, des hommes, et de l'habitat.

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Encore plus de métros, encore plus d'habitants et encore plus d'agences immobilières annonçant déjà en lettres peintes « Votre résidence de standing à 15 minutes de Paris pas la Ligne 15 du Métro ». Toujours moins d'agrément de vie et toujours moins de médecins à la campagne et de services publics pour alimenter le « Grand Paris ». Peut être aurait-il fallu aider Nantes, Bordeaux, Toulouse, Strasbourg à dépasser le million d'habitants pour décongestionner la capitale et favoriser la décentralisation ? Mais non , c'est un autre choix qui est fait ; faire de Paris, le siphon qui absorbe toute la France. Cette politique centralisatrice et dispendieuse (30 milliards) initiée par le précédant gouvernement est reprise à son compte par la Ministre du Logement sans doute la plus carriériste et la moins écologiste de toutes qui se voit déjà en haut de l'affiche municipale.

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Ainsi bientôt nous aurons deux zones scolaires pour gérer les départs en vacances, Paris ET le reste de la France comme nous avions le 16 et et le 16 1 pour appeler la province de Paris. Pire encore dans les annonces de non sens, l'annonce d'un quartier dédié au numérique à : je vous le donne en mille : PARIS. Pourtant le numérique ne souffre d'aucune géolocalisation, il aurait pu se trouver à Poitiers, Limoges ou Pau ? Mais comment imaginer un instant aller vivre à Pau, lorsque votre agence de communication est dans le 92 et que le siège de votre compagnie est à la Défense ? Impossible. Mes étudiants continuerons donc à être formé à Poitiers pour beaucoup d'entre eux aller ensuite remplir le ReR A et B, et vivre médiocrement à Paris.

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Politique_des_villes_nouvelles_fran%C3%A7aises

http://www.maddyness.com/actualite/politique-le-lieu-du-quartier-numerique-de-paris-se-precise

http://www.societedugrandparis.fr/

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