«L'aérien ne doit plus faire partie des rêves d'enfant»

Habituellement, ce lundi de Pâques signifiait depuis 2007, la fin d'un Week-end de folie entre amis joueurs. Ma 1er GA date de 2007 juste avant le déferlement de Facebook et des réseaux sociaux quand les blogs qui n'étaient pas encore de « Mode » connaissaient leur apogée et que les Smartphones étaient rares et chers. Les joueurs qui me connaissent savent combien cet événement est cher à mon cœur et que mon soutien et indéfectible à toute l'équipe de Futurolan, ses organisateurs. La GA est l’événement qui nous envoi des paillettes et Kévin nous en a mis plein les yeux durant toutes ces années. L'annulation du 1er confinement fut un crève cœur et la version virtualisée de cette année un nouveau défi émotionnellement supportable.

Cet événement est indissociable de la Ville de Poitiers qui en fit ces dernières années un événement phare de sa politique d'animation dans une ville conviviale étudiante et vivante. Ici le jeu vidéo n'est pas victimisé ou pointé du doigt. Au contraire il est canalisé, organisé, rendu festif et familial grâce à l'énergie bienveillante de tous. J'ai eu un immense plaisir toutes ces années à monter sur scène, échanger avec les équipes, rencontrer mes amis, débattre et parler lors de conférences. J'étais fier de parler de cette ville qui m'a accueilli pour un loisirs dont je suis un fervent défenseur. Tout étudiant et étudiante qui assiste à mes cours se souviendra que j'ai toujours associé le jeu vidéo à cette ville : la Gamers Assembly de Poitiers. Mes posts annuels sur ce blog en témoignent.

Voici que cette année, ma ville de cœur fait la une des journaux, enflamme le Web et les réseaux sociaux. Impliqué dans la vie de la cité, j'ai beaucoup échangé et débattu lors des dernières municipales « y prenant ma part » comme dirait Anne Hidalgo. Avec une grande fierté, les électeurs portaient une Femme à la destinée de la ville d'Aliénor d'Aquitaine. Même si l'assemblage allant des verts à l'extrême gauche ne plu pas vraiment, il donnait un souffle nouveau plaçant Poitiers dans la modernité de l'écologie politique après de nombreuses années d’errements et de reniements. Puisque des amis se trouvaient sur cette liste, je ne pouvait que les suivre vers la voie de l'innovation et de l'écologie positive. C'était sans compter sur les vieux démons moralisateurs et sectaires encore entretenus par les plus dogmatistes des verts.

Sur la base du non renouvellement d'une partie de subventions à un club aéronautique qui ne fit même pas débat, cette phrase hallucinante fut lancée et assumée : «L'aérien ne doit plus faire partie des rêves d'enfant». Refusant de hurler avec les loups de Cnews et BFMTV, j'ai écouté, les débats, les échanges les défenses de chacun, pour être encore plus convaincu de l'indigence et la bêtise de cette phrase. Au Pays de Claudie Haigneré et de Thomas Pesquet peut-on prononcer une telle ineptie ? Comment peut-on s'arroger le droit de modeler les rêves des enfants ? Si l'écologie doit s'imposer comme moyen de survie de notre humanité doit-elle le faire par la voie de la punition et de la contrainte intellectuelle ? Doit-on interdire de rêver comme Fahrenheit 451 interdisait de lire ?

Enseignant le Marketing Digital à l'IPAG, ce buzz devenait un cas d'école à la fois comme générateur de notoriété mais également comme sabordage d'actions citoyennes menées par tous depuis de nombreuses années. Ce n'était plus une Maire qui était élue avec la mission d'éclairer et de réorienter les choix de la cité mais une « Mini Greta » en charge de nous expliquer ce que nous devions penser et à quoi nous devions rêver. Cela ne se faisait pas n'importe où, mais à Poitiers une ville universitaire très largement influencée par les Francs-maçons et qui vit naître en 1987 sous l'impulsion de René Monory le Futuroscope. Car si le Futur doit se dessiner, plus responsable et partagé c'est bien à Poitiers. Cette phrase restera comme le sparadrap du professeur Tournesol.

Le moment était propice à l'expérimentation en GN d'implémentations et de réalisations écologiquement mieux orientées. Une ville qui a un Lycée Kyoto autonome en énergie, un environnement propice à une agriculture raisonnée et un circuit de distribution court déjà très dynamique. Alors en ce lundi matin de Pâques, je me suis mis à craindre que Madame le Maire ne découvre que le jeu vidéo ne soit qu'une industrie basée sur l'énergie électrique nucléaire, particulièrement énergivore. Que cette industrie fait rêver de très nombreux enfants de 7 à 77 ans, filles ET garçons. Si on y associe la violence présumée, ma crainte est de voir surgir un œuf ou un Lapin au goût beaucoup plus amère «Le jeu vidéo ne doit plus faire partie des rêves d'enfant»...