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Eric Leguay, ma vie numérique

Le présent n'est que le futur passé...

Est-ce bien raisonnable ?

Depuis déjà plusieurs années que je n’ai plus de voiture, j’avais anticipé sans le savoir l’explosion du coût des transports. C’est  lorsque le litre du gasoil a atteint les 5 euros, que j’ai senti le vent de panique caractéristique des fins du monde. Je m’en souviens c’était fin juin, juste avant les départs en vacances.

 

Déjà deux gouvernements furent renversés, la première fois par les chauffeurs de taxi la seconde par les chauffeurs routiers. Les politiques qui n’avaient rien préparés, ni anticipés ni prévus se trouvèrent fort dépourvus quand la colère fut venu. Cet été là fut fatal, il était déjà exceptionnel de partir en vacances en voitures, faire 500 kilomètres relevait de l’exploit, même avec nos micros voitures ne consommant que 2 litres au 100. C’était la hausse de trop, celle qui annonçait la fin...


Les rues, les routes et les autoroutes se vident de voitures roulantes au profit de voitures abandonnées, parfois directement sur la chaussée. Les centenaires ayant connus la guerre se souvenaient de ce Paris occupé, envahit de vélo.  Ne plus rouler n’est que le moindre mal. Toute notre société se trouve chavirée, elle qui ne rêvait que de vitesse et de modernité, elle est coincée et ralentie. Car plus rien ne suffit, ni le vol du réservoir des voisins, ni les betteraves, le mais, et l’huile de friture encore moins. Cela ne couvre qu’une infime partie de nos besoins.

 

Le courrier n’est plus distribué depuis longtemps, trop lourds, trop lourd aussi les journaux et prospectus, une boite aux lettres ne vaut plus rien dans un vide grenier. Enfin l’administration n’imprime et n’envoie plus rien, ni déclarations d’impôts, ni bottins, ni factures, ni relances, ni carnets de notes. Cela est autant de poids à ne plus transporter et de choses si ennuyeuses à lire.

 

Dans cette chasse au poids, les premières victimes furent les conserves, puis les bouteilles de vin, trop lourdes à transporter alors qu’elles étaient les seuls pouvant être recyclées. Nous entrons dans l’air (ère) du lyophilisé allégé. Je ne vous décris pas l’aspect des petits pois et des haricots verts, un verre d’eau chaude et les voici reconstituées. Allez au MacDo est un luxe et désormais Ronnie sert à table sur une nappe blanche. Les quelques Pizzerias équipées de scooters électriques livrent encore.

 

Comme le coût du transport des denrées alimentaires dépasse largement le prix des aliments il devint rapidement plus simple de devenir son propre producteur de fruits et légumes. Surtout de légumes, chaque toit plat, balcon, terrasse se transforme en potagers urbains. Radis tomates, patates, ont la côte. Pour ma part je n’arrive qu’à faire pousser des courgettes que je mange à toutes les sauces, gratins, spaghettis, purées, mais on s’en lasse vite. Les maires transforment les parcs de villes en jardins ouvriers pour assurer l’alimentation des habitants. Ce marché est devenu un privilège d’état concédé aux retraités encore actifs mais si pauvres depuis si longtemps.



Cela ne suffit toujours pas, alors furent réquisitionnés les matières plastiques encore en circulation. Finis les poubelles plasticOmnium enlaidissant nos rues. Une fois réduit en granulat, le plastique redevient pétrole. Les agents municipaux organisent des collectes immeuble par immeuble pour récupérer tous les plastiques ménagers, les bassines, cuvettes et même les dînettes des petites filles et autres poupées Barbie. Mais le plus cruel fut de voir ces ménagères se séparer dans la douleur de leur collection entière d’objet Tupperware. Certaines collections intactes se vendent au prix du Cristal sur ebay. Que de larmes dans les foyers au moment de quitter son bol plastic et sa carpette à pâtisserie.

 

Alors que nous avions tous prôné et encouragé au début du siècle l’usage du net et le développement du e-quelquechose, les experts furent sans demi-mesures. Les ordinateurs sont trop coûteux en énergie, idem pour les serveurs, les routeurs et ces gigantesques entrepôts d’Amazon. Le e-commerce s’est effondré, car à quoi bon nous vendre des produits que l’on ne pourra pas vous livrer. C'est l’empire de la manivelle et de la batterie, et pour un oui pour un non nous découvrons des badauds remontant leur ordinateur ou téléphone portable d’un tour de poignet comme l’on démarait jadis sa 2cv.

 

Les hypermarchés trop éloignés se vident lentement, les parkings immenses deviennent des  « no man’s land froids » et dangereux. Par faute d’approvisionnement et suite à la grande vague de pillage de l’hiver dernier, ils ferment les uns après les autres. Pour survivre IKEA s'est transformé en centre de vacances dans l’infime espoir d’y vendre son stock de bibliothèques Billy.

 

Plus question de faire cours à l’université, trop coûteux pour se déplacer et trop coûteux pour chauffer ces grands amphis. Les étudiants restent chez eux hypnotisés par la webcam à m’écouter d’une voix aigrelette remémorer un passé révolu…celui du temps de ma vie numérique…

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