7 Novembre 2012
Il fallait la dépose, d'une proposition de loi bien anodine, pour que le web s'enflamme et que les jurons et autres ignominies fusent à travers la toile et les médias. Entre les déclarations décalées du Cardinal André Vingt-trois et la bêtise assumée de Serge Dassault, mon encre numérique n'a fait qu'un tour ; vite un post. Aimerions-nous cette situation de pré-guerre civile ? Pour que la classe politique, au lieu de modérer ses propos et surtout écouter son peuple ne jette de l'huile et même parfois de l'alcool sur les braises incandescentes de nos amours mortes ? Prenons un peu de recul et glissons ça et là un brin d'humour et d'amour pour apaiser le débat. Car avant de vouloir faire la morale à tout le monde et lancer des anathèmes, il faut commencer par balayer devant sa porte.
Le très vénérable et très vénéré Cardinal André Vingt-trois, a dû perdre son livre d'histoire pour dire de tels bêtises. Faut il lui rappeler que dans l'histoire de l'Eglise, de nombreux évêques et cardinaux ont couru le jupon et même enfantés sans se marier ? Qu'il existe encore des prêtres qui cachent leur sexualité, leurs liaisons amoureuses et leurs enfants ? Que dire des catholiques homosexuels, sont-ils encore condamnés à l'enfer ? Que penser de Jésus, issu d'une procréation assistée avec des parents bien peu conventionnels qui passa sa vie entouré de 12 hommes sans jamais se marier ? Comment apprécier le concept même de famille qui a littéralement explosé depuis plusieurs années ? que faire de certaines familles croyantes et pratiquantes dont les repas de famille comme chez les de Villiers ressemblent à Festen du danois Thomas Vinterberg. Enfin dans quelle catégorie ranger notre président actuel, jamais marié et père de quatre enfants et où mettre notre ancien président marié trois fois et quatre fois papa ? La famille traditionnelle est morte.
Les français ne sont pas dupes, et savent bien depuis l'affaire Courjault, que le modèle d'éducation hétérosexuel dans une famille intégrée, éduquée et croyante n'est pas la panacée. Cela peut même conduire à la congélation des bébés. Les familles monoparentales et recomposées sont légions, car l'épanouissement des enfants passe avant tout par l'amour d'un foyer. Les orphelins élevés dans des institutions religieuses peuvent témoigner de la rudesse et de la sécheresse de cœur de certaines « Bonne-soeurs ». Désormais nous connaissons tous autour de nous des couples de femmes et d'hommes parfaitement intégrés qui vivent leur amour au grand jour et dont parfois nous jalousons le bonheur d'être ensemble. La fête n'en sera que plus intense pour les familles de voir ainsi officialisé et légalisé ce que la société a admis depuis de nombreuses années sans sourciller.
Voyez-vous dans ma génération, dite « X », celle qui vit la libération sexuelle et qui prôna "Amour libre" et "Union libre", l'idée même du Mariage était vulgaire et déplacée. Le Mariage témoignait surtout de l'expression du modèle petit bourgeois de reproduction et donc était immédiatement rejeté et banni. Aujourd’hui, j'ai du mal encore avec ce concept de mariage, et je vous avouerai ne pas toujours saisir son intérêt mais soit, marions-les. Puisque l'amour guide l'union, et que le mariage représente le modèle d'intégration et de reconnaissance pour la société, le mariage pour tous devient une évidence. Moi qui pense et écris en permanence que l'amour est mort, cette volonté d'union me touche et me surprend. J'attends d'ailleurs de mes amis de prochaines invitations festives.
Puisque les images sont fortes et que dans ce débat, les raccourcis sont la norme, je voulais avec humour, faire remarquer que la France a une bien belle particularité cinématographique. En effet les trois plus gros succès du cinéma français, qui atteignent les 20 millions de spectateurs sont des histoires de couples d'Hommes. Nous aimons les histoire de couples d'hommes et les couples mythiques du cinéma français sont notre marque de fabrique. Fernandel et Bourvil, Gabin et Bourvil, DeFunés et Yves Montand, Depardieu et Pierre Richard, etc. la liste est si longue, si impressionnante et si évidente que personne n'y trouve rien à dire. Dans le dernier Asterix, une réplique illustre très bien cet état de fait : « Vous ne trouvez pas cela un peu bizarre un couple d'Hommes avec un petit chien ? Non répondit l’hôte britannique, chez nous c'est très courant de voir deux hommes vivre ensemble avec un petit chien ».