Le présent n'est que le futur passé...
12 Novembre 2012
Ceci est un petit précis d'économie à l'usage des étudiants audacieux et des banquiers pas tous véreux. Tous les ans, dans mes différentes formations, je suis confronté à des étudiants qui souhaiteraient créer leur entreprise dans le numérique. Les uns rêvent d'une Start-Up dédiée au web, d'autres encore plus téméraires imaginent fonder un studio de jeux vidéos. A chaque fois c'est le même discours. Le dossier ficelé, le business plan argumenté, le tour de table trouvé et les capitaux réunis... la simple demande auprès d'une Banque, d'une ligne de crédit ou d'un début de trésorerie reçoit systématiquement le refus. La sanction est simple et immédiate, impossible dans ce cas de commencer sans un fond de roulement capable de dépasser les 3 premiers mois. L'équation est évidente, les banques ne soutiennent pas les projets numériques malgré le joli « Pays de OuiOui » décrit dans leur belle brochure.
Il n'aura échappé à personne, que dans une ville moyenne, comme celle où je vis (40 000 habitants) vous voyez très régulièrement fleurir des Pizzerias, à chaque coin de rue, le tout financé par les mêmes banques qui naguère vous refusèrent leur aide. Étrange pays que le notre où je vais vous compter pourquoi il est plus facile de financer une pizzeria quitte à ce qu'elle disparaisse dans 3 mois plutôt qu'une start-up numérique. Rassurez vous, mon propos sera simple et illustratif pour bien suivre la logique bancaire française. Je souhaite ardemment que cela change un jour pour ne pas définitivement décourager les initiatives, et je fais tout mon possible pour à chaque fois aider de mon mieux à la création d'entreprises. On a coutume de dire qu'une banque vous prête un parapluie quand il fait beau et vous le reprend quand il pleut, le cycle est plus complexe.
Le premier avantage de la Pizzeria sur le numérique est sa matérialité. Ainsi le four, les tables, les chaises, la déco bas de gamme, les croûtes au mur, les scooters, le fond de commerce financés par le capital sont des éléments physiques de nature à rassurer le banquier qui en cas de défaut de paiement ou de faillite pourra récupérer le fruit de la vente. Ce qui séduit vraiment le banquier est la capacité qu'à une Pizzeria a générer du cash. Le jour même de l'ouverture d'une Pizzeria, la machine à sous est enclenchée. Tickets resto, carte bleue, chèques et liquide (surtout liquide) peuvent tomber sur le compte. S'il y a bien quelques chose que le banquier adore est l'argent qui tourne sur le compte. En période de crise, dîner dans une Pizzeria restera toujours moins cher que dans un restaurant traditionnel, le secteur a de l'avenir. De plus l'argent liquide peut parfois oublié d'être déclaré au fisc, un hasard sans doute, une omission.
L'autre avantage de la Pizzeria est la marge brute que peut générer une telle activité. La matière première ne coûte presque rien, (la fabrication de crêpes à emporter est encore plus rentable), il suffit d'avoir un seul Pizzaiolo et une serveuse en salle pour fonctionner. Que dire de mieux d'une activité qui conserve une marge élevée avec une génération de cash immédiate ? Le pied pour le banquier. Alors le financement est assuré, mais le revers de la médaille est que le nombre d'ouverture se fait sans réelle étude de marché. En ne comptant pas sur la concurrence des autres Pizzerias et des autres restaurants LowCost, le bel édifice tourne à vide. Les clients se font rares, commandent à domicile ou préfèrent d'autres cuisines plus exotiques. La concurrence effrénée conduit à des jalousies, et dans ma ville, les Pizzerias brûlent. Les médisants pourront toujours se dire que l'assurance couvrira les dégâts.
Si on ajoute à cela l'incompétence visible des banquiers dans tout ce qui touche au numérique, les mauvaises campagnes de presse autour de cas isolés, la chute en bourse de valeurs numériques, le verdict est sans appel ; point de crédit pour les « Petits Mickeys ». Si vous ajoutez à cela, la possibilité pour votre banquier de venir manger à l’œil (au moins avec une forte remise) avec sa famille et le tour est joué. Difficile dans ce cas d’apparaître crédible avec un business plan prévoyant un taux de marge brut de 10% et des rentrées d'argent estimées à 6 mois, si le jeu trouve un éditeur et si le marché reste porteur. Vous ne ferez pas le poids, alors à vous de trouver une parade. Expliquez tranquillement le système parfois mafieux qui tourne autour de ces enseignes qui ne sont JAMAIS rentables (comme par hasard) ou qui ont une faculté à brûler déconcertante. Au moins le numérique s'il brûle du cash ne brûle jamais, c'est bon pour la couche d'ozone...
http://www.readmeimfamous.com/2009/11/franchise-dominos-pizza-prudence/