Hier soir à 19h la console de jeu de salon est morte...

Il y était une fois dans un pays imaginaire et magique que nous appellerons ATARI, un homme ambitieux et original eut l'idée de glisser une boite en faux bois sous la télé des parents pour permettre aux petits enfants sages de jouer avec deux grosses barres de pixels. Pong était né, avec lui la console de jeu vidéo familiale. Depuis 1972 et l'invention de la console de salon grand public, s'en est suivie la fabuleuse aventure du jeu vidéo. Après les américains se furent aux japonais d'envahir nos salons avec la NES et tout un tas de mots nouveaux et de jeux fabuleux. Nintendo, Sony, Sega, Dreamcast, super nintendo, gamecube etc. Tout était simple et facile, pas de branchements compliqués, que du plug&play. On branche et on joue. Pour changer de jeu on change de cartouche, ou de cd.

Les jeux illuminaient le téléviseur couleur PAL 110° du salon, qui à l’achat du remplaçant finirait dans la chambre du garçon. Que de parties enfiévrées, que d'échanges de cartouches, de cd, de supports de consoles toujours plus rapides, plus modernes que l'improgrammable magnétoscope japonais qui ne servait aux parents qu'à enregistrer le film interdit du samedi soir sur Canal+. La console de jeu était l'objet le plus moderne et le plus futuriste du foyer à la portée des enfants geeks des années 80 à 2000. Le grand frère plus bidouilleur préférait de loin le jeu sur PC pour sa rapidité, sa qualité et sa « subversivité », mais aussi pour ses longues heures d'installation et de maintenance passées avec la Hotline. Dans la cours de récréation, c'était le sujet de conversation numéro 1. La télévision n'intéressait déjà plus.

Mais voilà cet age d'or est révolu, la console de jeu n'a plus le monopole de la modernité domestique. Désormais les foyers sont envahis d'objets sophistiqués et les cartables de nos enfants sont remplis de grigris numériques. Le téléphone portable est devenu le premier objet à jouer et Apple qui pourtant n'a jamais réussi à mettre un pépin de pomme dans le jeu se retrouve la première plate-forme de jeux pour mobiles. Le net et le dématérialisé sont venus ruiner les espoirs des consoliers et des éditeurs de s'appuyer exclusivement sur leur base installée pour créer et vendre. SONY, Nintendo sont malades à crever et les expériences malheureuses et ubuesque de EA font trembler toutes les tentatives innovantes. Ne restait plus qu'à Microsoft à nous émerveiller en sortant sa nouvelle console comme il avait si brillamment réussi en sortant sa première Xbox. C'était il y a 10 ans, une éternité.

Depuis les foyers français se sont largement équipés de box pour recevoir la télé, le téléphone et internet, ces boîtiers sont modernes avec des fonctions évolués, pratiques et le jeu y est déjà largement présent. Viennent s'ajouter à cela une pluie de tablettes, 10 pouces, 8 pouces, 3 millions l'an passé, 6 millions prévus pour cette année qui viennent s'ajouter aux millions d'iPhone, smartphone, autre Galaxy S et ordinateurs portables, netbook et ultra book. N'en jeter plus la barque est pleine alors sortir une nouvelle console qui viendra se greffer dans tout ce fatras devra être sacrément innovante et puissante pour surpasser toute cette armada numérique et tactile. La Wii U n'a pas convaincu, d'autres ont jetés l'éponge et la console android Ouya joue les arlésiennes.

Hier soir, la planète numérique a vibré à l'annonce de la Xbox One avant de déchanter à son apparition. Nous attendions de la magie, du rêve, de l'extraordinaire, et nous avons eu un monstre hideux, un hydre à sept têtes, une gorgone chevelue... Un boîtier grossier mal dessiné renfermant une resucée du Windows Media Center mort né dans les années 2005, devait nous tenir lieu de nouvelle console de jeu. Aux Whaou attendus succédèrent les Oooouh de honte. Pourtant il fallait bien se douter que le ratage de Windows 8 après celui de Vista et l’encéphalogramme plat de Surface n'augurait rien de bien. Microsoft court après quelque chose mais on ne sait pas quoi ? Après Internet qu'il a raté ? la Télé qui le fait saliver ? Les pc mort nés ? On ne voit pas vraiment la stratégie. Microsoft court après Apple mais sur la mauvaise pente. Seule l’obsolescence programmée estampillée Apple est lisible avec la non rétroactivité des jeux et la non comptabilité des accessoires.

Certains en appel déjà au boycott du monstre sombre. Il n'est même pas là peine ici de commenter les commentaires car le flot de critiques, de craintes et d'insultes est continue sur la toile. En plus de l'esthétisme discutable et de la non comptabilité des accessoires, la plus grosse critique concerne l'accès permanent à internet pour mieux nous surveiller, la non transmission des jeux, l'écoute de la console etc. Pourtant il était facile de deviner ce dont un joueur adulte du XXIième siècle rêvait. De la magie, une console futuriste avec des fonctions immersives poussées pour faire du salon une salle de jeu à part entière. Nous voulions retrouver l'émotion des premier jeux vécus avec nos potes sur une Dreamcast car à l'époque SEGA c'était plus fort que toi. Nous voulions épater nos voisins, être la fierté de nos fils. Nous voulions une console rien que pour jouer et que jouer. Nous rêvions d'un truc de fou qui nous scotche des heures entières les yeux sans cesse éblouis et fascinés. Hier soir à 19h la console de jeu de salon est morte...