"Docteur, aidez moi, mes enfants sont accrocs au jeu vidéo"

18/06/2008 13:06

« D’abord il ne quitte plus son jeu vidéo, à peine sorti de l’école, il se précipite sur sa manette et ne lève plus le nez avant le dîner. Il ne fait plus ses devoirs et râle quand on lui demande de nous aider, il est violent avec sa sœur qui veut jouer avec lui et ne parle que de DOFUS, de dragons, de guerriers. Franchement il me fait peur, les yeux rivés sur l’écran, avec seulement les mains en mouvement. Avant c’était simple, les gamins regardaient la télé, jouaient au baby-foot, au flipper, ils obéissaient, maintenant c’est jeu vidéo, jeu vidéo, jeu vidéo… J’en ai parlé avec d’autres parents, même les enseignants son inquiets, pour eux les jeux vidéos mettent en péril la scolarité des enfants. J’ai vu un reportage à la télévision, un journaliste expliquait qu’en Corée des enfants se suicidaient en masse, il y a même en Espagne et en Hollande des centres de désintoxication. Il faut faire quelque chose, aidez-moi docteur »

Sans doute la supplique la plus courante entendue chez les enseignants et les professionnels de la santé, « mes enfants sont accrocs au jeu vidéo ». N’en jeter plus la coupe est pleine, mais pourquoi tant de haine ? Le joueur de jeu vidéo est l’objet de toutes les critiques et tous les anathèmes. Quel est son crime ? Rester plus de deux heures d’affilée devant sa console de jeu, en apparence passif et lobotomisé, mais c’est en apparence seulement. Attention danger, ce jeune ainsi passionné est présenté comme un dangereux subversif, un repris de justice, un bandit de grand chemin, dont l’addiction aux manettes serait la tare ultime d’une jeunesse jugée presque dégénérée.

Les émissions de télévisions se succèdent, les reportages sont unanimes, les titres des journaux sont péremptoires, notre belle jeunesse subit l’addiction en règle aux jeux vidéo. Tous ces donneurs de leçon patentés n’en font-il pas un peu trop ? Combien dénombre-t on d’enfants internés ? De familles déchirées ? D’enfants assassins ? D’enfants morts d’avoir trop jouer ? 10 000 ? 1 000 ? 100 ? 10 ? Aucun ?

En France chaque année, on dénombre 170 accidents de chasse (source ONCFS pour la saison de chasse 2005/2006), 100 morts par an dus aux noyades (baignoire et piscine), 250 morts par défenestration, 5 318 morts sur les routes dont 635 piétons et 180 cyclistes (source : observatoire national interministériel de la sécurité routière) et de combien d’accidents mortels de manettes ? De joueurs dépendants ? Qui susciteraient une telle couverture médiatique au point de se demander si un psychopathe ne sommeil pas derrière chaque joueur.

Je l’ai souvent dit et répété dans mes chroniques* que le jeu vidéo n’était pas plus abrutissant même parfois moins qu’une après midi shopping entre filles, qu’un match de foot avec des supporters, qu’un concours de tuning et surtout qu’une émission de CAUET. La télévision n’aime pas les joueurs car un joueur ne regarde pas la télévision. S’il regarde un écran, ce n’est pas celui de la publicité et la télévision a horreur des gens qui ne la regardent pas. Lorsqu’un joueur est devant sa console, son cerveau n’est plus disponible pour « Coca-Cola» et là cela ne va pas du tout, d’une addiction à l’autre, quelle est la plus dangereuse ? L’opprobre est à jamais jeté sur ce loisirs, qui jusqu’à preuve du contraire n’est pas illicite, alors pour en finir une bonne fois pour toute avec ces craintes disproportionnées, je vous conseille la lecture de deux petits ouvrages qui donnent un éclairage serein et plein de bon sens.