Le présent n'est que le futur passé...
20 Avril 2020
Alors que je répondais à une énième sollicitation pour évoquer la place des femmes dans le jeu vidéo, je ne pu m’empêcher de faire à mon interlocutrice une comparaison osée et décalée avec l'industrie pâtissière. Voyez-vous l'industrie du jeu vidéo est encore dans sa période d’auto-contrition et d'auto-flagellation. Jugée violente et sexiste par l'ensemble des médias et des féministes de ce pays, nous sommes en permanence obligé de nous expliquer, séance tenante et donc de nous justifier sur l’absence apparente de la gente féminine dans cette industrie. Pour ne pas arranger les choses et calmer le jeu, la majorité de ceux qui peuvent en parler rentrent dans la pire catégorie actuelle : les Quinquas Blancs occidentaux Hétéros Normés... Ok Boomer.
Pourtant ce secteur je le connais bien, j'y ai croisé de très nombreuses femmes, des directrices d'écoles, des directrices pédagogiques, des enseignantes, impliquées faisant tout pour accueillir des étudiantes dans les promos. J'ai côtoyé de grands studios où la politique de recrutement est très favorable aux talents féminins. Talents féminins, j'en ai rencontré également dans les écoles où j'interviens à Gobelins ou au CNAM-ENJMIN, trop peu tous en convenait. Avec mon complice Thierry Perraut j'ai arpenté les salons professionnels et les réunions d'information dans les collèges pour militer et expliquer combien le jeu vidéo était aussi un lieu d'épanouissement pour les filles. J'ai lutté contre les discours et a priori sexistes des conseillers et conseillères d'orientation qui véhiculent des images fausses du secteur. Des joueuses également j'en connais, et même si l'ambiance graveleuse de vestiaires perdure encore chez les ados adeptes de Call Of, le sexisme est il plus prononcé dans le jeu vidéo que dans le Foot ? La course automobile ? L'informatique ? Le bâtiment ?
Confinement oblige mon doigt c'est aventuré sur ma zapette à la découverte de nouvelles chaînes du câble, jusqu'alors inconnues comme 6Play, avortons du groupe M6 avec W9 et 6Ter. L'émission que j'ai regardé, au titre genré « Le MEILLEUR Pâtissier » est présenté par le plus célèbre des pâtissiers du moment, Cyril Lignac, bogoss ex compagnon de Sophie Marceau. Rien que le titre ne laissait aucun doute sur le patriarcat du secteur puisque le « Meilleur Pâtissier » ne pouvait être qu'au Masculin, et que le verbe, la technicité, le savoir, la prestance, le discours, la connaissance, incarné par Cyril Lignac, ne pouvaient venir que d'un homme entouré de femmes esbaudies et un peu tartes.
Le meilleur pâtissier sur 6play : voir les épisodes en streaming
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Chères demoiselles, votre place n'est visiblement pas à la pâtisserie. Lorsque j'ai saisi le mot «Pâtissier» sur Google voici une liste précise des grands noms de la Pâtisserie française, le résultat est édifiant de masculinité à 99%: Pierre Hermé, Cyril Lignac, Christophe Adam, Christophe Michalak, Philippe Conticini, Cédric Grolet , Christophe Felder, Olivier Bajard, Yann Couvreur, Eric Kayser etc La 1er femme citée et presque unique est Claire Heitzler. Ce n'est pas nouveau car si l'on remonte à Marie-Antoinette, on rencontre Nicolas Stohrer, qui diffusa le Baba au Rhum et inventa le croissant. Sous l'Impératrice Eugénie c'est Louis Ernest Ladurée qui popularisa le macaron venu d'Italie en le fourrant de crème. Plus récemment c'est certainement Gaston Lenôtre, qui installa la Pâtisserie Française au sommet de son art, initiateur de cette fameuse réplique dans la vérité si je mens 2 « Pour le traiteur j'ai pensé qu'on pourrait prendre Lenôtre. - Pourquoi pas. Et qui c'est ? - Comment ? - Le traiteur ! Qui c'est ? - C'est Lenôtre. Mais si vous préférez prendre le votre ! ».
il est "zeimer" et le traiteur "Le Nôtre" dans la vérité si je mens 2
les familles de Serge et Chochana se réunissent dans un déjeuner pour parler de leur mariage avec notamment le choix du traiteur et les "supposés handicaps" ...
Plus sexiste que ça comme secteur je ne connais pas et j'ai beau avoir fait des recherches, je n'ai vu aucune bronca de féministes, ni aucune révolte de médias sur la place des femmes dans la Haute Pâtisserie. Ni Caroline de Haas, ni Natacha Polony ou encore Caroline Fourest n'ont trempé leur plume dans l'acide pour crier contre la sous représentation féminine de ce secteur d'activité. RIEN NADA. Pourtant des femmes on en trouve mais uniquement coté critique gastronomique et surtout comme consommatrices systématiquement réduites à leur incapacité de gérer leur gourmandise face à la tentation pâtissière. Pas génial comme vision de la femme, vous ne trouvez pas ? J'ai même trouvé un article sur Elvira Masson, critique télévisuelle aux accents sexistes insistants sur ses formes « Silhouette aérienne, grâce féline... Elvira Masson a le physique d'une danseuse, mais l'âme d'un gourmet » rédigé par une femme : Eléonore Colin. Heureusement que c'est une femme qui parle d'une autre femme en ces termes, imaginez Yann Moix dire cela.
"Très très bon" sur Paris Première : Elvira Masson, la prisonnière du dessert
Côté gourmandise, Elvira Masson ne lâche rien. L'enthousiaste chroniqueuse de "Très très bon" s'illustre avec un sujet sur la haute pâtisserie française. Silhouette aérienne, grâce féline...
https://www.telerama.fr/television/elvira-masson-la-prisonniere-du-dessert,141466.php
Alors par polémique enrobée d'une dose d'humour je me suis imaginé en défenseur de la cause féminine en fondant le WiP « Women in Pastries » – Pour plus de Femmes dans la Pâtisserie. Une Association créée pour encourager la mixité dans l'industrie de la Pâtisserie en France. En plus WiP cela sonne bien et veut dire essuyer en Anglais. Car pour la pâtisserie, comme pour le jeu vidéo, le bâtiment, le foot et toute autre sport, métier, ou expression de sa créativité, il serait définitivement bien que cesse le sexisme, le racisme, et l'homophobie non ?