Le présent n'est que le futur passé...
7 Septembre 2018
Madame Granjus, nous nous croisons régulièrement lors de manifestations, et nous le ferons encore prochainement, mais nous n'avons jamais abordé de sujets politiques. Très difficile pour vous de vous faire un nom et d'assurer une présence dans une circonscription longtemps tenue par un champion du monde de Judo. S'il fut un poids lourd olympique, ce ne fut pas le cas en politique. Vous avez été élu très largement, instillant enfin à la chambre des députés une bonne proportion de féminité. J'étais d'autant plus fier, que dans mon bureau de vote j'étais assesseur sous vos couleurs. Je mène, moi même au quotidien, un combat pour la parité dans le monde du numérique et du jeu vidéo, militant pour l'accès du public féminin aux métiers de la conception, de la création, du développement de jeux vidéos et du Web. Le monde politique a enfin évolué, mais encore si lentement. Après l'élection présidentielle, rares, furent les femmes présentes à la têtes de grandes institutions publiques. Vous qui avez été à la tête d'une agence locale de l'ANPE, vous savez, plus que quiconque, combien il est difficile pour une femme de se faire une place dans les rouages de direction.
En politique rien ne se passe jamais comme prévu. Les élections passées furent digne d'un grand roman historique. A l'occasion du remaniement express marquant la fin de l'été et la rentrée parlementaire, vous allez être appelée à élire le Président de votre assemblée. C'est un moment rare et très symbolique dans la vie des députés, puisque ce vote en votre âme et conscience, se fera à bulletin secret. Cela veut donc dire qu'aucun moyen de pression n'est possible pour ceux et celles qui ne voteraient pas comme il faut. Qui pour succéder à François de Rugy à la tête du « Perchoir » ? qui pour soutenir l'élan écologique, le débat démocratique et maintenir les lobbys le plus loin possible ? Qui pour assurer cette responsabilité avec la parité en arrière plan ? Qui pour faire face à Gérard Larcher, Président du Sénat conservateur et chasseur ? Plusieurs personnalités ont fait acte de candidature, face à Richard Ferrand déjà auto désigné Président, comme une affaire pliée, attribuée d'office pour service rendu. Parité oblige ; deux femmes ont courageusement présenté devant ce qui semblait inéluctable, leur candidature : Yaël Braun-Pivet, votre collègue dans les Yvelines et Barbara Pompili. 6 heures à peine après sa candidature, Yaël Braun-Pivet se retirait.
Parfois on aimerait que cela ne soit pas qu'en amour que les hommes se retirent. Imagine-t on un seul instant un homme comme Richard Ferrand déclarant à la presse « L'égalité est dans l'ADN d'En Marche, le temps est donc venu pour moi de laisser ma place, à Barbara Pompili pour représenter les députés à l'assemblée ». Non cela semble INIMAGINABLE et pourtant l'inverse est courant et ne soulève aucun tollé. Sur les plateaux télé, se succèdent les ministres et députés qui assurent que seule la compétence déterminera le vote. Est-ce vraiment le critère de la compétence qui rend le choix des hommes inévitable ? Voulez-vous une liste d'hommes politiques notoirement incompétents qui pendant des années bloquèrent tout changement ? combien pantouflèrent dans leur circonscription ? Avant d'être balayé lors des dernières élections. Par son parcours, ses idées, sa motivation, Barbara Pompili est donc tout aussi compétente, 1 partout la balle au centre.
Lundi, vous aurez donc ce choix à faire, pour la Présidence de la chambre des députés, mais aussi pour la France, pour la représentation Nationale, pour notre image Républicaine d'Universalité, pour les petites filles qui sont rentrées à l'école. Alors je vous le demande, je vous le prie, je vous le conseille, je vous l'implore, je vous le chuchote, car bien que votre vote reste libre ; qu'il aille dans le sens de l'Histoire, dans celui de l'ouverture, de la parité. J'aimerai au moment du dépouillement, être fier de mon pays, de mes députés, de leur liberté, de leur volonté de changement. J'aimerai retrouver ce souffle qui a guidé mon choix, d'un monde nouveau. Nous sommes de la même génération, celle où tout est possible, mais qui devons affronter des défis technologiques et écologiques gigantesques. Nous sommes dans un monde ou enfin une femme peut accéder à la Présidence de l'Assemblée Nationale. En politique rien ne se passe jamais comme prévu, avec vos collègues prouvez le nous une nouvelle fois.