Les ENJMINALES

Maintenant j'en ai la preuve, les créateurs de jeux vidéos sont des vampires car il fallait vraiment aimer les jeux vidéos pour s'enfermer dans les caves du CNAM toute une journée et échapper ainsi aux premiers rayons du soleil parisien. La raison en est simple, il y avait les ENJMINALES. Cette réunion d'anciens de l'ENJMIN (Ecole de jeux vidéos basée à Angoulême) rencontraient les nouvelles promos en M1 et M2 pour discuter et échanger sur leur métier. Depuis deux ans les étudiants IDE de Gobelins ont rejoint ce club privé mais pas guindé de passionnés de gameplay.

On y montre les projets, mini et grands, des étudiants fraîchement notés et fraîchement sortis du sérail. On y discute aussi beaucoup des nouvelles tendances interactives, des doubles écrans, des nouvelles « ihm », de gameplay innovant ou rétro gaming dans une ambiance détendue. Pour moi qui suis juré de leurs travaux, je découvrais leurs présentations moins stressées et plus libres dans la discussion. J'avais ainsi l'envers du décors, les raisons du tâtonnement qu'ils prennent bien soin souvent de cacher à un jury qui n'est pas dupe car cela ne se fait pas.

Dans le Web j'ai mes SPIPIENS (Adorateurs et utilisateur du CMS SPIP) mais dans le jeu vidéo j'ai mes ENJMINIENS (Toute personne ayant suivi son cursus à l'Enjmin) , qui avec curiosité et gourmandise ont découvert les réalisations de la promo 2013 IDE. Comment régler le rituel de l'endormissement des enfants en bas âges ou comment danser sur les « dancefloor » cette été. Voilà qui devrait faire buzzer dans les prochaines années de « gamification » de nos activités humaines. Il y avait de la tablette dans l'air pour faire apparaître des créatures virtuelles en RA habituellement planqués sous le lit des enfants sages.

Ils sont tous restés des enfants pour s'émerveiller de la sorte quand, un pixel surgit de nul part va éblouir leur rétine et se fondre dans l'ombre d'une Lune virtuelle. Mais parfois le retour à la réalité économique est cruel. Si le jeu est massivement un loisirs partagé, c'est encore loin d'être une économie florissante. Les étudiants en font souvent les frais en intégrant des structures fragiles qui ferment à la première bourrasque. La tentation de créer son propre studio est forte compte tenu des aides financières proposées mais là, il faut jouer avec les mauvaises pratiques de certains éditeurs. On a même évoqué la création d'un WikiLeaks pour les dénoncer.

Il y avait donc beaucoup de candeur et de naïveté dans les récits de rencontres brutales entre des « Sharks » du business qui promettent des campagnes marketing à 40 000 euros mais n'en dépensent pas un centime attendant simplement la mort du studio pour empocher et le jeu et la mise. Pire encore, des mastodontes qui promettent monts et merveilles pour sortir un jeu sur leur nouveau téléphone portable qui ne se vendra pas mais qui tuera d'emblée ce jeu assimilé à l'échec d'un système d'exploitation. Les créateurs de jeu sont comme des artistes qui se retrouvent malgré eux dans la peau de candidats aux émissions de télé-réalité. Heureusement que dans le jeu personne n'en meurt mais il reste beaucoup d'aigreur.

Pour finir cette journée, Stéphane Natkin a rendu un vibrant hommage, à Alexandre Topol qui nous a quitté récemment plus que brutalement. Nous avions l'habitude de rentrer ensemble d'Angoulême dans le même TGV, avec la même bande de farceurs et de joueurs habituels. Nous rigolions en mangeant des cacahuètes et en refaisant les jeux de la planètes. Il nous a joué un sale tour en partant avant nous dans la matrice. C'est pas du jeu, d'avoir suivi ainsi le lapin blanc. Adieu Alexandre, regarde comme on a l'air malin maintenant sans toi...