Le présent n'est que le futur passé...
1 Mai 2014
Jour de 1er Mai, il fait triste, il fait gris, qu'allez vous faire cette après midi ? Si vous n'avez pas le cœur à manifester, cueillir du muguet ou à jouer, il y a forcément dans votre entourage, une amie, une sœur, une mère, une compagne, pour vous convaincre de sortir faire du Shopping. Cela tombe bien, ils viennent d'inaugurer près de chez vous, un nouveau centre commercial, rutilant et débordant de boutiques faussement chic dans des décors de cartons pâtes, factices et fragiles. Le tout est bien signalé et aligné sur le bord de la route dans de grands hangars aux couleurs criardes. La proposition semble tentante, vous resterez au chaud, la voiture bien garée à regarder, votre moitié essayer des vêtements « Made In Bangladesh » mal cousus par une ouvrière sans doute déjà morte, sous l'effondrement de son usine. Qu'importe... Il y aura le choix, entre un MANGO, un SEPHORA, un KIABI, un H&M, un C&A, un CELIO, un JULES, un JENNYFER, un DESIGUAL, un CULTURA, un IKEA, un ZARA, un ZODIO, vous finirez épuisé, affalé dans un canapé « Maison du Monde ».
En sirotant votre mauvais café du STARBUCK, où votre pseudo Eloi est écrit au feutre, vous pesterez contre cette mauvaise journée passée. Déjà à la sortie de cet enfer mercantile, la publicité d'un autre centre commercial vous fait de l’œil, aguicheur et vulgaire, à peine sorti de Terre, pour vous faire vivre une « nouvelle expérience Shopping ». Vous avez envie de vomir. Comment sommes nous arrivés à cette euphorie et se délire constructiviste de Centre Commerciaux ? Comment en à peine 5 ans la périphérie des villes de province et de Paris, c'est couverte de ces grands espaces vides et froids, dédiés à la consommation ? C'est un paradoxe. A l'heure où les entreprises, grandes petites, manufacturière ou autres ferment les unes après les autres, les seuls investissements se réalisent pour ces centres qui importent souvent plus de 95% de leurs produits.
Pire encore, alors qu'il n'y a pas d'argent pour construire des logements, pour aider la création d'entreprise, pour sauver ALSTOM et LEJABY, il se trouvera toujours une Banque, un investisseur pour financer sans aucune régulation, la construction de ces endroits stériles aux emplois précaires. Bien souvent avec l'assentiment des Maires bien heureux de faire venir à eux les exilés du Week-end oubliant que leur confrère fait exactement la même chose à quelques kilomètres. Regardez un peu autour de vous, cette frénésie entamée, n'est pas finie. Vous connaissiez en région parisienne, les grands centre des années 60-70, Velizy2, Parly2, Roissy2, Rosny2, les Carré Sénart, les Arts de Vivre, Créteil Soleil, Belle Épine, les 4 Temps, les 3 Fontaines ? Vous n'y êtes plus. A coté de ces temples surannées au look défraîchi, mal construits, mal restaurés, se multiplient les enseignes.
Bienvenue désormais dans de nouveaux temples, tout aussi bas de gamme et déshumanisés ; Bienvenue chez Qwartz, AEROVILLE, So Ouest, Beaugrenelle, One Nation Paris, LE MILLENAIRE, Val d'Europe, quisont bien souvent la propriété de Unibail-Rodamco. Vous recommencez à avoir la nausée ? C'est que vous n'avez encore rien vu, se construit actuellement le plus grand d'entre tous ; EuropaCity. 50 nouveaux centres commerciaux, en plus des 740 déjà existants sont ainsi en construction sur toute la France, nous plaçant comme le leader Européen de la bêtise consumériste. Avec les même escalators, les même parkings, les mêmes enseignes, les mêmes façades, séduisant les élus et le chaland. Les élus sont accrocs à ces constructions, les Préfets ne refusent rien, les investisseurs sont présents, les enseignes en redemandent, alors pourquoi arrêter, pourquoi se priver ?
Surtout que économiquement, ces temples ne sont pas viables, la fréquentation est en baisse et la crise aidant le recul de la dépense est de plus en plus forte. De lieu de consommation, ces espace couverts sont devenus des lieux de villégiatures pour occidentaux désargentés venus rêver à leur consommation passée. Quelques chose en tourne pas rond. Moi qui en bon enseignant du Digital explique à mes étudiants que la consommation en ligne ne cesse d'augmenter, fragilisant le commerce physique. Vous même êtes adeptes des sites en ligne, plus rusés, moins chers et plus pratiques, vous avez déjà acheté chez ZALANDO le leader Allemand de la chaussure. Allemagne, Grande-Bretagne, Italie, misent à fond sur les enseignes et la consommation dématérialisée.
Aux USA, qui a toujours 5 années d'avance sur la « Vieille Europe » le glas a sonné des ces « Mall » gigantesques. Ils ferment les uns après les autres, submergés par le e-commerce et les problèmes de sécurité. Ils font la joie des photographes post-industriels, venus puiser dans ces ruines du XX ième siècle les images de notre splendeur passée. Nous n'avons plus qu'à attendre à notre tour l'effondrement de cette bulle, qui comme un château de cartes verra s'effondrer tour à tour ces empires de papier. Allez, profitez en pour sortir même sous la pluie et fuyez tant qu'il en est encore temps ces lieux infamants.
Pour tout savoir de cette frénésie...