Jeu de guerre

De son hélicoptère survolant la zone à plus de 2km, il a devant son viseur des hommes en vue. Instructions vulgaires et haineuses prononcées par un militaire Yankee au poste de commandement situé dans le Nevada ou l'Arizona, le plus loin possible. Informations erronées, mais tirs redoutablement précis, vidéo médiocre mais effet garanti. Il vise, tire et abat ainsi une douzaine de personnes. dans le tas deux journalistes et des civils, verdict: bavure assumée par les autorités. Victimes collatérales...

C'est la guerre, une guerre « chirurgicale », faussement propre mais « safe &secure». A l'écoute attentive du discours du pilote d'hélicoptère , nous ressentons un profond malaise. Le malaise grandit lorsqu'il tire, car cela ressemble fortement pour lui à un FPS (Jeu de tir subjectif) comme Call of Duty, ou Counter-Strike par exemple. Mais le jeu vidéo n'est pas la guerre et la guerre n'est pas un jeu. La frontière est porreuse, entre les uns puissants et riches qui financent des jeux de guerre, avec des arrières pensées redoutables de recrutement et de haine et les joueurs qui ne font que jouer rien de plus.

Nos petits soldats d'enfance et nos bagarres de récréations affrontant les Bachi-bouzouk aux Cacatoès se sont métamorphosés en jeux numériques hyper réalistes et immersifs. Dans notre vieille Europe qui fut le foyer de conflits meurtriers, notre esprit et nos convictions pacifistes nous préservent de tentations belliqueuses. Nous ne sommes plus des « va-t-en guerre », même si Napoléon, sur les plateaux, reste un stratège avant d'être un sanguinaire. De ce coté de l'atlantique les jeux restent des jeux, des jeux de guerre...

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