Le présent n'est que le futur passé...
23 Janvier 2009
Nous savons tous que la « télévision » déteste Internet et les jeux vidéo mais à ce point, c’est confondant. Il fallait être un peu couche tard lundi soir pour suivre l’émission « Complement d’enquete » dont le sujet était « Ces ados qui nous échappent ». Deux sujets très accrocheurs, l’un sur les dérives du Net, et un autre sur le succès de DOFUS. Rien de bien nouveau dans le traitement des nouveaux usages vus par la « Télévision », point de vue parcellaire, exagération du phénomène, dramatisation, caricature permanente et invités plus que douteux (Christian Spitz en moralisateur). Il ne s’agissait donc point de reportages d’investigation réalisés par des « journalistes » mais une opération de pure propagande destinée à enfoncer encore une fois le clou sur le numérique.
Revenons sur le premier sujet présenté ainsi : "Le danger Internet" de Agnès Gardet et Michaël Cario. Je cite « En rentrant du collège, ils allument leur ordinateur. En quelques clics, les ados ouvrent leur blog, tchatent avec leurs copains. Et ils échappent à leurs parents. Porno en libre accès, images ultra violentes, mauvaises rencontres : y a-t-il vraiment moyen de contrôler cet Internet devenu le centre de leur univers ? »
Tout est dit, la « Télévision » doit s’y faire elle n’est plus le centre de l’univers des enfants et des adolescents. La télévision est un média finissant, certes encore de masse mais uniquement pour les plus de 50 ans. Car en effet il y a encore 20 ans, au retour de l’école, cela ne gênait en rien les journalistes de « télévision » que « les jeunes » s’affalassent devant leur petit écran pour gober des japonaiseries. En ce temps là, Télérama et la presse papier en général dénonçaient le phénomène, décrivant une jeunesse molle, avachie, et décérébrée. C’est donc au tour du service public emboîtant en cela le pas sur TF1 de diaboliser le numérique en se drapant d’un voile virginal pour dénoncer sexe, drogue et rock&roll. C’est bien connu à la télévision, il n’y a ni sexe, ni violence et depuis la StarAc il n’y a plus de rock&roll.
Car dans ce reportage, ce ne furent pas les pratiques des ados qui furent les plus dangereuses mais bien l’attitude des parents filmés. Sous prétexte de ne rien y connaître, à leur tour de laisser faire dans la plus totale indifférence leurs chers bambins. Mais qui a acheté l’ordinateur ? qui l’a installé dans la chambre des enfants ? qui paie l’abonnement ? qui ne place pas de clé parentale ? qui achète les jeux à Noël ? qui a acheté la première Nitendo DS à 6 ans ? les parents et surtout les grands parents. C’est la dernière vengeance à la mode chez les grands-parents, dans les années 70, pour pourrir la vie de leurs enfants et du voisinage, ils offraient un tambour, une batterie ou une guitare électrique, maintenant c’est une DS.
Car au début voyez-vous avec beaucoup de cynisme et de d’hypocrisie, de nombreux parents étaient ravis de savoir leurs enfants scotchés devant leurs consoles plutôt que de traîner dehors et à faire les fous sur leur scooter. Ce fut d’ailleurs le paradoxe du second reportage "La fureur de vivre" où dans ce cas devant des enfants amputés, défigurés ou en fauteuils roulants, certains auraient pu regretter l’absence d’addiction de leur enfant aux jeux vidéo. DOFUS fait beaucoup moins mal.
« Voici venu le temps, des rires et des chants, dans l’île aux enfants c’est tous les jours le printemps, c’est un pays joyeux, des enfants heureux, des monstres gentils oui c’est un paradis », ce paradis en 2009 se nomme DOFUS. Les temps ont changés et les jeux et enjeux aussi. Les enfants de 8 à 12 ans vivent ce qui dans 20 ans sera leur « madeleine de Proust» comme le fut Casimir pour ma génération. Ce jeu plusieurs fois primé pour sa qualité, ses valeurs, son gameplay, adoubé par le ministère de l’éducation, prive la télévision d’une manne publicitaire conséquente à l’heure justement où France 2 a encore le droit à la publicité.
"Dofus à donf’ !" par Clément Castex et Bruno Vignais est présenté ainsi : C’est le jeu vidéo qui ensorcelle les 12-17 ans : "DOFUS", un univers fantastique créé par trois jeunes de Roubaix. Clé du succès ? Un jeu apparemment gratuit, mais des factures de téléphone qui explosent et des produits dérivés à foison. Enquête sur un business qui a tout compris des ados.
Sans doute pour rattraper un précédent reportage calamiteux sur ce même jeu, les deux journalistes ont pris le TGV, grâce au succès des « Ch'tis » pour s’aventurer à Roubaix. Mais diantre, pourquoi tant de dégoût et tant de circonspection pour décrire une jeune entreprise française, qui marche, se développe, exporte, embauche et qui fait la joie et le bonheur des enfants ? pour 5 euros par mois. Étrange que tout cela, alors que dans une récente conférence organisée par « Renaissance Numérique », Pascal Joseph, s’était engagé à positiver les nouvelles pratiques et usages numériques.
En conclusion, la « télévision » se prend pour un censeur inquisiteur de nos passions numériques. Le diable n’a pas attendu les nouvelles technologies pour se glisser dans nos vies. S’il y a bien une personne sur terre à qui je ne ferais pas confiance pour contrôler les usages numériques c’est bien Christian Spitz alias « le Doc » de Fun Radio, autant faire confiance à Jean-Marie Messier ou Bernard Tapie pour refonder le capitalisme. Alors enfants et adolescents, arrêtez définitivement de regarder la télévision, retournez tchater, jouer, bloguer avec vos parents, vos amis le tout avec modération…
http://info.france2.fr/complement-denquete/emissions/50581382-fr.php