Le présent n'est que le futur passé...
24 Juin 2008
Sans doute parce que le jour de la fête de la musique, l’on peut et l’on doit faire du bruit, je me suis volontairement retrouvé sur le parking du « Auchan Porte Sud » à la découverte d’une nouvelle tribu.
Ce lieu est presque irréel, ce grand espace est humainement vide, peuplé de voitures, sans passé et bientôt sans avenir. Comment en est on arrivé à laisser construire ce non sens économique et écologique ? A défaut d’être dans un monde artificiel à la « Second Life», je me suis investi dans cette « first life » en cette première journée ensoleillée de l’été.
Ils sont là, rassemblés, en petite tribu de passionnés, à s’exhiber. Leurs carrosses sont rutilants, les moteurs vrombissent et les Portes papillon, (dites Lambo doors) s’entrouvrent avec grâce et légèreté sur des intérieurs de poupée Barbie. C’est étonnant et déroutant de retrouver ainsi comme échouées sur la grève, ces bombinettes écarlates, ces bolides nacrés, ces gros bonbons motorisés.
Je ne connais rien au monde du Tuning , je n’ai même pas de voiture, alors, imaginez ma stupeur devant ces 206 Peugeot et ces Fiat Uno ainsi métamorphosées. Car dans le monde du Tuning il y a une fée malicieuse qui aime à transformer nos citrouilles quotidiennes en carrosses dorés et irisés.
Mais ici la 206 ne se transforme pas en Cadillac Fleetwood Brougham, comme celle que vous croisez à Poitiers les Samedi après midi, pour amuser la galerie. Non, notre brave 206, se muscle, se couvre de « Stickers», se pare d’enjoliveurs, se masque la face, se voile le logo, s’époumone la sono jusqu’à l’overdose, jusqu’à l’écœurement.
Car après la fascination du premier regard, c’est rapidement le dégoût qui surnage devant autant d’indécente vulgarité et de débordement « Bling-bling ». L’incompréhension est totale, le rejet assez rapide, l’art consommé de la métamorphose et du pastiche plonge le badaud dans l’étonnement et la mise à l’écart de cette bande de « fadas ».
« Cagoles » ou « Kéké » dans le sud de la France, cette communauté de passionnés qui rêve de Ferrari au volant d’une SuperCinq Renault est vite la cible du bien pensant et du donneur de leçon. « C’est laid, c’est moche » entonnera la classieuse bourgeoisie « Mercedisante », « ça fait du bruit, ça pollue », criera l’écolo alter mondialiste adepte du Velib et forcément cela m’intéresse…
Cela me rappelle la tribu de joueurs de jeux vidéos tant décriée et tant conspuée. Alors regardons de plus près, ces fous furieux qui bravent l’interdit et s’émancipent des règles du bon sens et du bon goût. Premier point commun avec ma tribu, leur jeune age, fait de rêves et d’idéaux que ces derniers on délibérément choisi de matérialiser dans une carapace dorée.
Ils ont tous regardé l’émission de MTV, « Pimp My Ride », qui transformait la moindre VW: Rabbit (Nom de la golf aux USA) en superbe « Custom » (Désigne le Tuning aux USA) digne de la fabuleuse équipe de la The West Coast Customs. Alors certes nous sommes très loin de la côte « West » des USA et notre côte ouest à nous est moins imaginative et ensoleillée mais dans les yeux de ces gamins brillent les enjoliveurs chromés et les jantes démesurées.
Ce loisir est populaire chez ces jeunes moins écervelés qu’il n’y parait, justes un peu flambeurs et exhibitionnistes de leurs belles cylindrées. Mais sont6ils « addicted » ? On pourrait le penser, tout leur temps libre y est consacré, leur maigre salaire également devant la totale incompréhension de la famille et de la petite amie lorsqu’elle existe. Ici les filles sont très rares ou alors à l’image de leurs créations, immatérielles et inaccessibles, évanescentes ou hyper sexuées. Leur langue hypertrophiée est la conjonction de marques et de puissances. Mais qui aura la plus grosse ? la plus belle ? la plus puissante ? Rien de bien grave en somme car ces jeunes installés avouent même jouer également aux jeux vidéo et que très rarement rouler avec leur fantasme ainsi customisé.