Le présent n'est que le futur passé...
4 Avril 2008
Ce week end, le parc du Futuroscope, à Poitiers, inaugure une nouvelle attraction dans un bâtiment tout neuf. Il s’agit dans cette attraction, nommée Les Animaux du Futur, de faire un voyage imaginaire dans le futur à la découverte des espèces qui peupleront la Terre dans 100 000 ans. C’est aussi l’occasion d’expérimenter une nouvelle technique de visualisation mêlant la 3D à l’image de synthèse, judicieusement qualifiée de réalité augmentée.
Cette dénomination illustre une représentation graphique d’objet matériellement inexistant, plus juste et concrète que celle dénommée « virtuelle ». Car il ne faut pas confondre « Monde virtuel» et « dématérialisation des données ». Le transferts de données physiques en données immatériels ne les rend pas pour autant imaginaires (“virtuelles” au sens courant). Notre monde n'est pas imaginaire, bien au contraire : au moyen âge, les gens pensaient vivre à coté de sorcières, de diables, de démons, d'anges beaucoup plus imaginaires que ce que nous qualifions de « virtuel » aujourd'hui...
Cette relation avec un monde supposé, un super monde, un monde parallèle au notre, un Paradis, un Enfer est le fruit des religions et n'a rien à voir avec la dématérialisation et la déterritorialisation de notre savoir. Attention donc à ce glissement de sens. Ce n'est pas parce que le code de lecture des données binaires alphanumériques est abscons pour l'ensemble de la population que ce qu'il sous-tend en devient imaginaire. C'est comme si l'on qualifiait de « virtuel » ou d'imaginaire le livre que l'analphabète n'arrive pas à lire ! L'équation serait celle si, je ne décode pas, je ne comprends pas donc cela n'existe pas. Remarque incidente : nombre de penseurs du web sont pétri de la culture du livre... cette analyse leur est donc souvent impossible... ou hérétique.
La mémoire déterritorialisée sur support informatique est nommée « virtuelle » alors qu'elle n'est que dématérialisée. Cette mémoire n'est pas en soi plus virtuelle que la précédente. Que pouvait revêtir de réel la bible tendue par Cortés, Conquistador espagnol, au peuple Aztèques ? Cela devait leur sembler bien irréel. C'est le code et le mode de lecture qui rend l'objet réel ou non, pas son support et pas son encodage. Avant la découverte de la Pierre de Rosette, les hiéroglyphes semblaient bien irréels et décoratifs, sans code de lecture ils sont virtuels alors que le support pierre est particulièrement réel lui...
En fait ce que l'on qualifie souvent de « Monde virtuel» est très lié aux jeux vidéos. A la différence des fictions écrites, radiophoniques ou cinématographiques comme avec le film Matrix qui aborde l’idée d’un monde parallèle, le jeu vidéo permet d'y agir, de s'y mouvoir etc. Myst est sans doute le premier jeu à créer une telle sophistication visuelle est pour le moment limité à son aspect ludique et immersif. S'il y a des apprentissages, ils sont induits et périphériques et ne constituent pas la base du jeu (Gameplay).
Comparons entre le monde virtuel et le monde artificiel. La télévision par exemple inaugure avec Loft Story le concept de télé réalité qui est un monde artificiel, où tout y est casté et réécrit, le public, les candidats. Les réactions sont provoquées, contrôlées et exacerbées. Les événements sont scénarisés et les dialogues écrits. Les personnages sont maquillés et les personnalités gommées. La télévision aime à ridiculiser les individus, à les humilier, les bafouer et surtout à les dépersonnaliser. Le net est donc un média plus proche du réel que ne l'est la télévision, qui elle se rapproche du théâtre !!! théâtre d'ombres sans doute et du mythe de la caverne...
La télévision n'est pas le Monde, c'est le théâtre du Monde.
Internet n'est pas le Monde, c'est un autre Monde...
Pour en savoir plus :
http://www.lesanimauxdufutur.com/