Gamer Assembly 2008 Qui sont ces joueurs ?

Maxime, c’est prêt, à table !!!

Oui Maman, c’est bon, encore 10 minutes, je termine ma partie et j’arrive…

Y’en a marre de tes jeux vidéos, c’est toujours 10 minutes, ça fait une heure que j’t’appelle !!!

Cette scène, les joueurs de jeux vidéos l’ont entendu de leur mère, leur père et je vous passe les réflexions des profs et de la petite copine. S’il est difficile d’être un passionné alors imaginer l’abnégation et la patience qu’il faut à un joueur pour affronter toute une société qui lui reproche de jouer avec un Jeu vidéo.

Car notre société française post-soixanthuitarde a fait du jeu vidéo le foyer de tous nos maux : échec scolaire, isolement, violence, désocialisation, suicide, trouble compulsifs, Épilepsie, Addiction, surdité, j’en passe et des plus farfelus. Il ne se passe pas un mois sans que la presse et les médias ne parlent de cas de suicides ou d’addictions compulsives avec comme prétexte la diffusion massive des jeux sur console, ou en ligne.

Car il ne viendrait à personne de reprocher à une vénérable octogénaire de passer des heures entières à regarder des séries abrutissantes à la télévision. Il est même très enviable de voir de fiers quadras bedonnants passer le samedi et dimanche après midi affalés sur leurs canapés pour admirer des exploits footballistiques. Il est des gens qui trouvent génial de métamorphoser durant des semaines sa FIAT Punto en bolide de course ou de reconstruire la TowerBridge en allumettes. Ainsi toutes les filles ont le droit et même le devoir de déambuler des heures, l’esprit vide dans des galeries marchandes pour acheter leur 75 ième paire de chaussure, sans que jamais personne ne crie au scandale de l’abêtissement d’un tel loisir.

Notre société qui se plait tant à être permissive coté sexe se braque avec délire et exagération dés qu’un adolescent reste plus d’une heure avec un joystick entre les mains. Une Gamer Assembly est l’occasion rêvée pour voir de prêt ces joueurs et de tout démystifier.

Ce qui frappe le visiteur lors de sa visite à une GA est certainement l’esprit d’équipe et la solidarité. La seconde chose qui marque également l’esprit est l’extrême concentration des joueurs et le respect mutuel. Pas de violences, pas de bagarres, pas d’insultes, les gendarmes qui patrouillent aux abords en sont presque déçus. Si le jeu est très violent, il n’influence jamais le comportement des joueurs en société. Bien au contraire, l’osmose des retrouvailles est très forte et dépasse même l’esprit de compétition. Je vous assure que d’assister à un match de foot au coté de supporters fanatiques reste plus violent et plus traumatisant que de fréquenter des «Hardcore gamer».

Les joueurs ont de l’humour et savent prendre leur distance avec le jeu et la machine. Ils savent se moquer d’eux même et parfois accentuent leur coté Nolife pour avoir simplement la paix. D'autres choisissent un look extravagant et repoussant pour éviter les échanges avec des "non joueurs". Car à les voir évoluer, tisser des liens, construire des amitiés même numériques et se retrouver, on comprend vite qu’ils ne sont pas des Nolife.

Ils vivent donc leur passion du jeu dans une semi clandestinité douteuse et hasardeuse. La majorité d’entre eux le cache à l’entourage et à leurs enseignants de peur d’être immédiatement catalogués comme attardés ou futurs délinquants du net. Les autres font avec et composent avec force de stratégie et de diplomatie avec Papa, Maman, la copine et parfois le chien.

Plus tard ils ne diront rien au recruteur mais l’avoueront avec timidité à leurs collègues avant de fonder une LAN clandestine et utiliser le vidéo projecteur de la salle de réunion entre midi et deux. Dans tous les cas, sauf à avoir des parents fans de jeux vidéos, cela n’est pas immédiatement perçu comme très valorisant.

On se cache certes mais pour troubler et semer encore plus le doute dans son entourage, on cultive des codes et des normes issus de la résistance. L’état civil donné par une société qui vous rejette est remplacé par un pseudo qui vous identifie avant de vous glorifier. Ainsi je ne connais pas la véritable identité de SPDY, Amiral ou Guarcimore.

Qu’importe… Le vocabulaire change, les codes sociaux également. L’éloignement, la distance ne sont pas des handicaps. Un joueur maîtrise à la perfection tous les usages et les moyens modernes de communication sans avoir besoin de lire un livre de Dominique Wolton .

Je consacrerai donc les posts de cette semaine au décryptage et à la réhabilitation avec humour mais en toute conscience de ce phénomène en suivant des équipes de cette édition 2008 de la Gamer Assembly.