Les trois cercles

15 Janvier 2008

La dinde est digérée, le sapin dépouillé, les boules et les guirlandes rangées et les Rois tirés, j'ai retrouvé le chemin de l'Université.

Après un premier semestre très chargé avec mes étudiants de Paris et de Poitiers, ce petit bulletin en forme de clin d'oeil est l'occasion de rendre hommage à leur patience au regard de tout ce qu'ils ont enduré.

En effet ils ont vite découvert les joies de la vie numérique. Ils maitrisaient déjà, ces grigris , ces compagnons de vie, je n'ai fais que souligner la pertinence en leur faisant découvrir des concepts et des mots nouveaux.

Sans doute parce que je suis un enfant des nouvelles pédagogies éducatives et de la destructuration de la salle de classe, emblématique des années 70, mes cours sont souvent l'occasion de travaux collaboratifs.

Car pour les pauses, j'ai la chance d'avoir les seuls étudiants autorisés à fumer dans l'enceinte de l'Hotel Fumé.

PC portable et connection WiFi sont les nouveaux outils de ma pédagogie, cela rime, c'est bien, ils sont les nouveaux vecteurs de la modernité.

Alors avec joie et entrain, ils ont planché sur les usages futurs, en rubriquant et zonant à tout va. Puis à la louche , ils ont budgété, estimé, détaillé et compté sur Excel en WiFi.

Mais ce qui marquera leur année est sans aucun doute la formalisation en 3 cercles de la typologie d'un projet numérique. C'est mon moment favori, mon retour aux années "carambar", mon mistral gagnant.

Ils ont ricané devant la facilité déconcertante de dessiner 3 cercles enchevétrés, mais demandez leur combien aujourd'hui, d'un trait fluide, d'un geste aisé, d'une main allerte, ils formalisent le site "D'Anny Blatt", de "Puiz Buin" ou de Matali Crasset.

Ce n'était pourtant pas gagné, car la dernière fois que quelqu'un leur demanda un tel exercice, c'était en dernière année de maternelle. Sinon en mathématique certainement qu'un enseignant aigri les obligea à dessiner des patatoïdes informes, pour formaliser les ensembles. Alors dessiner un cercle qui ne ressemble pas à un Barbapapa, en dernière année universitaire relève parfois de l'exploit.

Je les imagine parfois, réveillés en pleine nuit , le visage en sueur, la gorge sèche, répétant à l'envie, mon cours de concassage et de défectologie. Ou bien encore lors d'un diner mondain entre amis, je les vois évoquer avec détachement le buzz, le phishing, le Web 2.0 et le blog ranking.

Alors courage pour ce second semestre, qui va les éblouir de mots nouveaux, de formalisations audacieuses, de planches de tendances créatives, pour qu'un jour prochain, ils soient dignes de créer enfin des sites Web conviviaux, ludiques et interactifs...