Le présent n'est que le futur passé...
11 Juin 2007
Les forces en présence
Une WebNight, c’est d’abord l’affrontement de quatre équipes : deux du Master parisien « Conseil éditorial » de la Sorbonne Paris-IV et deux du Master poitevin « Web éditorial ». La force des équipes poitevines réside dans leur plus grande technicité et dans l’usage des plateformes CMS ; quant aux Parisiens, ils sont un peu plus à l’aise dans la conception éditoriale et la présentation projet de type agence.
Le rôle du Staff
Si ma fonction d’observateur et d’animateur est la principale, les membres du Staff sont aussi là pour aider techniquement les équipes à vivre cette expérience dans la décontraction afin d’alléger le stress, tout en garantissant la meilleure ambiance de travail possible. C’est également un moyen d’éviter les tensions au sein des équipes. Cette année, la réalisation de clips vidéo servit de fil rouge afin de garder les équipes en veille créative toute la nuit. http://webnight.fr/
La durée.
Vingt-quatre heures, c’est à la fois très court et très long. La production de six personnes dans un tel laps de temps correspond à 144 heures ouvrées, soit une semaine de travail pour quatre personnes ; parfois le temps exigé par certaines agences pour rendre un projet. Il est à remarquer que, cette année, toutes les équipes ont livré leur projet à temps et même parfois avec une heure d’avance. La gestion du temps aura été parfaite.
Le sujet
Dans la présentation d’un sujet, il y a le contenant et le contenu. Cette année, le contenant était un magazine en ligne et le contenu le développement durable. Il est à noter que les équipes se sont plus intéressées au contenu qu’au contenant. Cela fut fatal pour une équipe poitevine qui n’a pas vraiment proposé de magazine en ligne mais un site institutionnel. C’est un grand classique : chacun pense devoir maîtriser un contenu pour en parler alors que la forme de diffusion et la cible sont prioritaires. Finalement, nous avons vu deux projets au contenu très riche, particulièrement bien écrits… mais livré dans un emballage qui ne correspondait pas à la demande. Une situation très frustrante pour les rédacteurs, se sentant pour partie floués car n’ayant pas eu de poids sur la ligne éditoriale ; un impair fréquent en production et qu’une une bonne analyse comparative de sites magazines existants aurait évité.
La cible
Le choix de la cible est entièrement libre et, là aussi, les équipes ont beaucoup de mal à définir le lecteur type de leur site Web. Il y a deux manières assez simples de décrire une cible : soit en fonction d’une tranche d’âge (les 8-12 ans, les ados, les seniors, etc.) soit en fonction d’une catégorie (les urbains, les artisans, les écologistes, etc.). Le sujet ouvrant à une large palette de propositions, je suis frappé par la tendance des équipes à choisir le public enfantin, toujours le plus difficile à traiter. Fait révélateur, une équipe fit le choix d’une tranche 12-18 ans ! Au sein de cette tranche d’âge, les consultants en marketing sont capables d’identifier plus d’une dizaine de cibles… Pour un sujet comme le développement durable, je vous laisse imaginer la difficulté. L’équipe qui fit ce choix hasardeux comptait parmi ses membres des parents d’enfants parvenus à l’adolescence. Cela n’a visiblement pas suffit : pour réussir à cibler correctement son lectorat, il convient d’en dresser le portrait robot.
Le choix du nom du projet.
C’est toujours un grand moment d’observation pour moi que d’assister à la naissance du nom du projet. En effet, c’est souvent la toute première mission confiée à l’équipe. Un brainstorming est organisé avec force jeux de mots et itérations. Une fois trouvé et validé, le titre tient à la fois lieu de concept et d’enveloppe. Il est aussi le moyen pour le reste de l’équipe de s’approprier le projet et de l’identifier. Cette démarche est parfois heureuse… mais pas toujours. Prenons l’exemple du nom de projet « Dur@ble » : bel effet, efficace et en apparence logique. Mais que renferme-t-il ? Est ce que le magazine Dur@ble sera au développement durable ce que le magazine Vocable est aux langues ? Visiblement, les étudiants ce sont arrêtés en route et n’ont pas poussé la réflexion plus loin… Autre exemple : GreenDuck, magazine satirique un peu dans l’esprit du Canard enchaîné ; mais alors, pourquoi un titre anglais ? Enfin le cas le plus surprenant fut celui de Trot’e-Net. Cette équipe n’avait pas choisi de titre pour commencer à travailler ; soudain, lueur de génie ! Ils inventent ce titre accrocheur. Catastrophe et réunion de crise : ce titre si évocateur n’avait plus rien de commun avec le travail déjà accumulé. Le choix du titre ne peut se faire qu’après une bonne identification de la cible, une bonne définition du support et une ligne éditoriale définie clairement.
La répartition des tâches
Cette année est remarquable par le très grand professionnalisme des équipes qui ont clairement défini leurs rôles et leurs missions. Les quatre productions furent, au plan de l’organisation, exemplaires. Rien à dire sur les réunions, la gestion de l’espace de travail, le choix du représentant, la répartition des charges. Cependant, la belle horlogerie a dévoré l’espace de la créativité et de l’imagination. Une équipe poitevine bénéficiait par exemple d’un très grand capital de sympathie - y compris chez les membres du jury – et ses personnalités leaders très charismatiques surent distiller humour et bonne humeur toute la nuit. Les membres productifs avaient une capacité de concentration sans faille et surtout une compétence technique hors pair. Cette équipe avait tous les atouts pour gagner sur le papier et la parfaite assurance de sa supériorité. Au final, ses membres nous ont présenté un projet hors sujet, très bien réalisé mais totalement dénué de fantaisie et de créativité. Un bon projet doit conserver jusqu’à la fin une dose de créativité et d’adaptabilité.
Le graphisme
Ce qui motive en premier l’équipe du projet dans le choix du titre est sans nul doute la pression du graphiste qui devra crée le logo et, partant de cette base, réaliser la charte graphique du site. Cette démarche est saine dans un délai très court mais attention à ne pas laisser travailler le graphiste dans son coin sans regard des autres membres de l’équipe. L’un des membres du jury fit la remarque la plus directe et la plus cinglante au sujet du projet destiné aux 12-18 ans : « on s’attendait à une interface très jeune et on se retrouve dans la charte graphique de la CAF (Caisse d’assurance maladie)». C’est tout à fait révélateur de l’isolement du graphiste vis-à-vis du reste de son équipe. Il faut savoir faire revenir le graphiste dans la ligne éditoriale au même titre que le rédacteur et poser en permanence la question : « est ce que mon interface correspond à ma cible ? ».
Le choix du jury
Les critères de notation du jury dans l’évaluation des sites furent :
Originalité dans le traitement du sujet
Graphisme et interface
Choix et qualité rédactionnels
Approche technique, fonctionnalités
Présentation au jury
Bilan final
Des équipes soudées, une gestion du temps et des missions remarquables, une ambiance sereine, une grande maîtrise du stress et de la fatigue, une organisation technique sans failles, une participation active aux sollicitations du staff, furent les bons ingrédients de cette édition 2007. A l’année prochaine pour l’édition 2008
Retrouvez l’ensemble de la WebNight en photo sur :
http://webnight.over-blog.com/
et en vidéo sur :