Dubaï 2020 - L'ultime Exposition Universelle

Les portes de l'Exposition Universelle Dubaï 2020 viennent de fermer leurs portes. Célébrant avec un an de retard, les 50 ans du jeune état que représentent les Émirats Arabes Unis. Faisons un point sur cette ultime exposition. J'ai eu la chance de travailler et participer à l'exposition de Séville 1992, Lisbonne 1998, Shanghai 2010 et Milan 2015. Autant dire que les expos universelles cela me connaît. J'en ai arpenté des kilomètres de pavillons, assisté à des centaines d'heures de spectacles immersifs, vidéos folkloriques et j'ai dégustés des milliers de spécialités locales. Je regrette encore de ne pas avoir pu vivre celle de Paris 1900 ou 1958 à Bruxelles. Celle de Dubaï sortait de l’ordinaire car après l'Asie en 2010, l'Expo faisait une incursion dans le Monde Arabo-musulman, loin du concept occidental initial.

Une Exposition Universelle est le rassemblement pacifique de toute la planète sur un lieu unique avec pour thématique, une prospection humaniste et écologique. C'est l'idée sous-jacente de faire venir la planète entière sur un lieu donné. Chaque pays vient y présenter ses plus belles réalisations technologiques ou écologiques, son savoir faire gastronomique ou architectural sous un déluge d'images vidéos et de procédés immersifs. Chaque pavillon doit illustrer au mieux le meilleur du pays, ses audaces et ses traditions. Dans un univers mondialisé et aseptisé le concept a du plomb dans l'aile. Pas de saucisse ni de bière dans la pavillon allemand et pas de vin ni de saucisson pour la France ou de Vodka pour la Russie. Tacos et Pizza sont devenus des plats universels. Discrètement répartis sur un territoire immense, les pays ne doivent pas faire de vague et masquer le mieux possible les zones de conflits. Pour le reste c'est l'omniprésence publicitaire de marques américaines.

On y croise la planète entière, dans une tour de Babel géante mélangeant les langues, les religions, les coutumes et les traditions. Dans une Exposition Universelle, la planète semble toute petite, et il suffit de traverser une allée pour changer de continent. A une période ou faire le tour du Monde en 80 jours semblait un exploit, parcourir l'expo aujourd'hui est moins exotique. Alors on y parle un « Globish » banalisé et puisque nous sommes aux Émirats Arabes Unis, se seront des milliers de pakistanais, sri-lankais, philippins qui assureront le service. Que de très rares familles émiratis sont visibles, pour le reste des touristes occidentaux principalement européens et américains arpentent les allées de ce Disneyland géant sans attractions ni château de la Belle au bois dormant. On est épuisé, assommé de vidéo, contraint à des files d'attentes, perdus dans ce dédale, mais heureux d'avoir participé à celle comédie humaine.

Pour marquer les esprits, les pavillons accumulent les stéréotypes et les clichés sur leurs habitants et leur territoire. Bien souvent la technologie est uniquement asiatique. Alors pour éviter ce « déjà vu » de nombreux pavillons proposent l'humour et le décalage comme le pavillon Suisse ou Brésilien. La France vend des crêpes et des macarons tout en montrant ses châteaux de la Loire. Les grands pays gardent leur statut avec des prouesses architecturales et des spectacles grandioses, mais vides de sens. Pour être très honnête on n'y découvre pas grand chose ou pas grand chose d'innovant. Tout vient de Corée ou de Chine. Ces images et films promotionnels diffusent un message lisse et sans aspérité de paysages grandioses immaculé. Mais qui a dit que la Terre était polluée ?

A l'heure ou la planète se découvre en ligne et où les déplacements humains sont coûteux est il encore indispensable de se déplacer dans une telle expo ? Et si demain le Métavers ne devenait l'exposition Universelle permanente ? Où des influenceurs instagramers feraient des selfies virtuels devant des pavillons de Pixels façon Minecraft ? Où en quelques clic nous pourrions avec nos Avatars revivre l'expo de 1900, remastérisée et colorisée ? Je craint que cette Expo ne soit l'ultime tentative de ce genre, lassé et blasé, le Japon annonce sa prochaine exposition à OSAKA en 2025 et l'Ukraine s'est portée candidate pour l'organisation de celle de 2030...