Le présent n'est que le futur passé...
1 Novembre 2021
Il est apparu sur les écrans, avec son visage lisse et totalement inexpressif qu'on lui connaît pour présenter ce qu'il imagine comme le Futur du Numérique. Mark dont toute la planète connaît le nom imprononçable depuis qu'il a eu son biopic, en grand gourou du Digital est venu présenté sa fuite en avant. Mark, voyez-vous depuis 2004, veut absolument être votre ami, car pour lui , les amis de vos amis sont ses amis à partir du moment où ils vont librement et avec son consentement revendre des données personnelles. Cela fait donc 15 ans que Facebook, s'illustre par des scandales, une éthique plus que douteuse et une totale opacité de fonctionnement. Le chapelet de scandales jalonne l'existence de Facebook depuis Cambridge Analytica, les bugs à répétition et la censure sur « L'Origine du Monde ». Pourtant difficile de s'en passer...
2018 aura été une année noire pour Facebook qui a vu fuir de très nombreux utilisateurs vers d'autres réseaux, parfois lui appartenant comme Instagram ou pire encore vers le géant Chinois TikTok. Facebook n'est plus tendance, presque ringard pour les jeunes générations qui ne veulent pas croiser leurs parents et parfois grands-parents sur le réseau social. Le modèle économique de Facebook basé sur la publicité est fragile car même la manière de générer ses revenus est largement critiquée, et soulève des débats avec la pression de faire payer des impôts aux GAFAM. Même si la valorisation boursière de Facebook a atteint à l'image de TESLA les 1000 Milliards de Sabords de Dollars, il faut continuer à séduire les marchés et collecter les fonds pour les développement futurs. Dans la course au gourou déjanté, fantasque et insaisissable, Mark n'a plus la côte largement distancé par Elon Musk.
Premier couac de communication, fut l'annonce du changement de nom de Facebook en Meta, ce qui n'était pas le cas. Revirement de Facebook lui même pour annoncer que Meta était le nom de sa holding qui hébergera Facebook, WhatsApp, Instagram ou Oculus, rien de plus à la manière de Alphabet pour Google. Le réseau Social ne change pas de nom et ne supportera même pas Méta, qui devient une Méta-structure façon métastase cancéreuse avec déjà des Méta-controverses. Qui pour contrôler Méta ? Car si chaque annonce du géant du numérique était applaudi, attendue, celle-ci fait sourire, et fait déjà craindre de très nombreux dérapages. Les observateurs soupçonnent Mark d'avoir fait cette annonce pour détourner le regard des investisseurs de ses déboires et surtout des accusations portées par le livre « L’Inquiétante vérité ». Facebook n'est plus notre ami.
Alors regardons de plus près ce « Metavers », idyllique et enchanteur, que Mark à la manière de Willy Wonka a essayé de nous faire avaler. L'explication et la description sans âme de ce monde virtualisé, a obligé les commentateurs à puiser dans le cinéma hollywoodien avec les références nécessaires pour comprendre ce qui nous attend. De Matrix à Ready Player One en passant par Minority Report, les exemples de description d'un Monde parallèle numérique sont fréquents. Cette ubiquité humaine est vielle comme l'humanité et le mythe de la caverne jamais très loin. La technologie permet de s'affranchir des contraintes physiques et de s'émanciper de la téléportation utopique. Être à la fois, ici et ailleurs et passer à travers le miroir comme Alice ou Peau d’Âne, n'ont pas attendu Mark pour envahir notre imaginaire. Nos rêves la nuit ne sont-ils pas la preuve d'une vie parallèle ?
Mark a s'en doute un peu vite oublié que le numérique virtualisé n'est pas né en 2004 avec Facebook et bien avant lui, des pionniers avaient anticipés cette virtualité. En 1997, Canal+ Multimédia, lançait « Le Deuxième Monde ». Un monde virtuel considéré comme un logiciel d'immersion dans une réalité virtuelle. Il fut suivi en 2003 par Second Life le Metavers mondial en 3D. Malheureusement ces deux initiatives ne connurent pas un grand succès même si à l'époque la presse s'enflamma, anticipant déjà les dérives de ces mondes. Visiblement la mémoire de Mark lui fit défaut pour imaginer la réalité inéluctable de la mixité d'usage entre physique et virtuel. Malgré ces milliards en R&D et d'embauches d'ingénieurs pour défendre son Metavers, le risque d'une version asiatique plus séduisante n'apparaissent est fort probable.