Le présent n'est que le futur passé...
18 Janvier 2021
Wikipédia a 20 ans, quel bel age pour cette encyclopédie tant décriée à sa naissance. Je ne reviendrai pas ici vous raconter cette épopée, ni parlez de ses fondateurs ou même de son fonctionnement, d'autres font cela beaucoup mieux que moi. L'idée de ce post est de vous parlez de la vision du Web qu'en avait ses fondateurs. Au pays de l'encyclopédie Diderot d'Alembert, l'accueil d'une version numérique et les concepts véhiculés par la plate-forme n'était pas évident. Qui dit Encyclopédie, induit l'universalité comme la version papier d'Universalis, les auteurs et le mode d'accès. Avec Wikipédia, plus de papier, plus d'auteurs et pas de répertoire de recherche. Pourtant ENCARTA de Microsoft sur CD-Rom avait largement ouvert la voie d'une version dématérialisée d'une encyclopédie rendue multimédia.
Si l'encyclopédie de Diderot fut souvent citée en référence par les pères fondateurs pour l'usage, il faut se tourner vers « The Whole Earth Catalog » pour comprendre le choix de son fonctionnement. Cette publication de la contre-culture américaine fut créé en pleine période hippie et communautaire. Son objectif était de répertorier toutes les créations, productions ou connaissances terriennes utiles sans les vendre, parfois les fabriquer soit même, le tout entièrement gratuitement avec des contributeurs anonymes. Tel sera le modèle de Wikipédia, libre contribution et gratuité d'usage. Les valeurs de la contre-culture américaine se retrouve dans ces valeurs d'usage des pionniers du Web, entre communauté, liberté, gratuité et partage. Wikipédia reste à ce jour le dernier outil numérique pronant ces valeurs.
Donc fini le papier, les recherches pénibles entre les Tomes et surtout fini les auteurs d'une encyclopédie. C'est là qu'intervient le principe de collaboration et en ce début de siècle à peu près rien n'est “collaboratif” encore moins le monde de l'édition, et chez certain évoquer le mot de collaboration évoque les années 40. Être collaboratif c'est intégrer le lecteur ou l'internaute dans le processus de création de l’œuvre. Encore faut-il que le lecteur internaute soit équipé, compétent et producteur de contenu. C'est le pari qui verra le succès de ce que l'on appellera le Web 2.0. Ce Web collaboratif verra l'émergence de plateformes comme ebay, youtube, ou Marmiton.org dont le contenu est directement produit par les internautes. Evidemment une contribution doit pouvoir se faire en respectant des règles et c'est également le mode de contrôle de la contribution par autorégulation qui fut très novateur.
Ainsi tout un chacun peut contribuer gratuitement et librement à Wikipédia mais ses publications seront validés, scrutés, contredites, complétés ou censurés par d'autres contributeurs référents. C'est le principe de l'autorégulation. Pas de contrôle à priori mais une acceptation commune à une ligne éditoriale neutre évacuant le mieux possible les fausses informations, les fausses contributions, les messges commerciaux ou publicitaires révélant au grand public tout les aspects d'une composante. Cela était INCONCEVABLE au début des années 2000 d'imaginer qu'un individu inconnu fasse se travail non rémunéré. Les éditeurs ont tiré à boulet rouge sur ce concept annonçant l'apocalypse et la dénaturation du contenu expertisé. 20 ans après il n'en est rien, mais surtout ce n'est pas Wikipédia qui répend des FakeNews, bien au contraire.
Un autre point saillant est la non monétisation des contenus publiés. L'universalité et la gratuité imposent un autre modèle de financement proche de la fondation avec une libre contribution financière. Ainsi vos publications gracieuses ne servent pas à enrichir les fondateurs ni a faire grimper la valeur de l'entreprise. Wikipédia n'est pas coté au NASDAQ, Jimmy Wales et Larry Sanger ne sont pas multimiliardaires. Les pionniers du Web avait cette conscience d'utiliser la technologie au service du développement de tous et de contribuer activement à la Neutralité du Net. Mark Zuckerberg, Jeff Bezos, Larry Page ou Jack Dorsey ont largement dévoyé les fondement idéologiques de la contre culture américaine. En faisant de nous le produit et en marchandisant et valorisant à l'extrême nos Data le Web a sombré dans un grand n'importe quoi.
Si Twitter ou FaceBook avaient été des plateformes libres, gratuites autorégulées sans doute n'aurions nous pas aujourd'hui cette déferlante de complotistes, antiwax, Qanon, platistes. L'Hypocrisie du “C'est gratuit et ça le restera” à très vite fait place à la recherche d'un profit très facile et d'une survalorisation sans aucun système fiable de régulation. Vous pouvez toujours dénoncer des propos haineux, racistes, homophobes à Twitter ou FaceBook au mieux ils réagiront deux semaines après au pire ils s'enficheront tant que cela fait du Buzz. La pantalonnade de fermeture du compte de Donald Trump quand le vent a tourné montre le cynisme de ces plate-formes, qui subitement se drapent dans un voile de vertu, de peur de dévisser en bourse. Souhaitons longue vie à Wikipédia et à son modèle...
Célébration de 20 ans de Wikipédia
Aller au contenu ...de créer une encyclopédie libre, écrite par des bénévoles, pour tout un chacun dans le monde. Cela semblait impossible. 20 ans après, Wikipédia est devenue la plus grande...