Le présent n'est que le futur passé...
8 Juin 2020
Je vous avouerai, pour commencer ce post, avoir été l'un des premier à trouver très exagéré les propos de Camélia Jordana. Il est vrai, à sa décharge, que cette participante de la Nouvelle Star était plus visible lors des défilés de la Fashion Week que dans les combats politiques. Avec ces mots très maladroits dans la suite logique du film « Les Misérables », elle anticipait une réalité déjà présente aux USA qui se révélera également avec l'affaire Adama Traoré. Ainsi posée, la question centrale du racisme et plus généralement de la violence dans la Police se pose ardemment.
Nous pensions tous que la France de Pasqua et des « voltigeurs » était loin derrière nous et que le jeune Malik Oussékine serait la dernière victime de cet état policier. En 1986 l'affaire avait traumatisé ma génération et légitimement nous étions certain que cela ne se reproduirait plus. A l'époque déjà, c'était l'argument massue pour rejeter le vote FN qui par son fond raciste illustrait parfaitement un état policier violent. C'est pourtant sous un gouvernement dit de Gauche que l'affaire Rémi Fraisse faisait ressurgir les vieux démons. C'est à l'occasion de la mort du militant à Sivens que la France ahurie découvrait l'usage intensif des tirs de grenade offensive. La réponse politique fut le déni et l'action judiciaire d'une lenteur suspecte, qu'à la fin on se demande encore si le militant ne s'est pas lui même jeté sur la grenade.
La mort du jeune Steve Maia Caniço, le soir de la fête de la Musique à Nantes, montrait de façon criante, la violence du maintien de l'ordre et les dérives flagrantes des Préfets. Toutes les affaires autour des gilets jaunes et des abus le LBD, ainsi que l'affaire Adama Traoré jetaient une lumière crue et cruelle sur les réalités du quotidien. Comme avec le mouvement MeToo, c'est des USA qu'est venu le mouvement Black Lives Matter de dénonciation et de défense des droits. Entre mauvaise foi des représentants, violence extrémiste des manifestants, communautarisme des quartiers difficiles, corporatisme d'une profession, racisme larvé, les amalgames sont très nombreux et la lisibilité des combats complètement floue. La haine est plus facile pour attiser qu'à calmer que chacun s'engouffre dans ces failles béantes au lieu de colmater et recoudre.
Évidement que la France n'est pas les États Unis d'Amérique, ni par son histoire ni par sa structure administrative. Même si notre passé fut colonial, il n'y a jamais eu de ségrégation d'état organisée. Souvenons-nous de l'Histoire de Joséphine Baker devenue une star immense chez nous, dans un pays qui pourtant vantait la marque BANANIA tout en laissant les noirs s'attabler aux terrasses des cafés servis par des blancs. « J'ai deux amours, mon pays et Paris ». Les Jazzmen des années 20 savaient combien Paris fut accueillant pour eux. Parler d'un pays au racisme organisé est donc stupide, sans nier les dérives de quelques uns. Que la justice juge plus rapidement devrait être une condition de base de notre démocratie.
Militons et restons vigilent pour que les auteurs de ces faits soient punis et exclus des rangs de la police, que la justice se rende en toute transparence dans des délais plus raisonnables et que surtout l'instance de régulation interne « les bœufs carottes » devienne indépendante sans être ni juge ni parti. En grand voyageur amoureux des autres cultures, l'idée même de racisme m’effraie et me révulse. Ne nous trompons pas, si le racisme n'est pas l'apanage des blancs, les violences policières ne sont pas que le fait des Américains. En ce moment même des heures noires se déroulent en Chine et nos manifestants restent très silencieux, pour un combat identique : celui de la liberté d'expression et de la démocratie. Les réseaux sociaux ont été une gigantesque boîte de Pandore, vomissant jusqu'à l'excès les idées les plus nauséabondes. Certains comme Twitter, commencent seulement à en prendre conscience et se régulent, d'eux même.
Il faut purger la Police pour retrouver les clameurs de Janvier 2015, punir les dérives sectaires, racistes, homophobes, et pacifier les actions de maintien de l'ordre au service des citoyens. Car même la Police a été très mal traité par l'état, mal rémunérée avec des arriérés de congés payés et de RTT non résorbables, et des décisions de Préfet irresponsables qu'il ne faut pas tous les blâmer mais trier le bon grain de l'ivraie. J'ai profité de ce post pour vous montrer le résultat d'un shooting que j'ai réalisé avec un jeune modèle Abdul, en hommage à Robert Mapplethorpe. La beauté n'a ni race, ni couleur...