Quand tu disruptes, j'écosophie...

Et pour vous les vacances ce fut Sea , Sex , and Sun au Club Méd ? Comme ce concept de congés payés « so 70' » résonnent mal dans nos années prudes pré-2020. L'arrivée du numérique à partir des années 90 avec son âge d'or du Web, a vu naître des milliers de mots nouveaux et de concepts tout aussi évocateurs d'une modernité nouvelle, d'une emphase sans limite. Pas de Bug pour l'an 2000 mais de nouveaux gourous autoproclamés ponctuant chacune de leurs apparitions d'un « This is a revolution ». Bill, Steve, Elon, Jeff, Warren, Richard, Xavier, Travis, Brian, Michael... sont les nouveaux apôtres familiers qui distillent la bonne parole et l'unique pensée. La grande majorité de mes contemporains est tout aussi perdue devant leurs mots, que devant leur smartphone sans batterie, ou qu'une poule devant un couteau. Alors par tâtonnement, par expérimentation, par rejet, en 20 ans, nous tentons tous de nous acclimater à ces changements perçus mais pas toujours voulus. Aujourd'hui Desproges n'est plus là pour nous proposer avec humour son « Dictionnaire superflu à l'usage de l'élite et des bien nantis ». Quelques rares philosophes sont disponibles pour philosopher et prendre un peu de recul vis à vis de ces nouveaux enjeux et concepts, les autres passent à la Télé.

Alors quand Sébastien Claeys propose 40 mots clés pour comprendre notre Monde et accessoirement celui de demain, ma curiosité se rallume au son iconoclaste de son propos et chatouille mon cerveau de ces jeux de mots et de ces illustrations « back to the Future ». Cette prise en main en format papier fut d'autant plus gourmande et inattendue que Sébastien fut un de mes anciens étudiants de Sorbonne IV mention Conseil Éditorial. Outre le plaisir de le retrouver et de discuter avec lui, l'occasion d'apprendre la genèse de ce lire entre érudition savante et origine gréco-latine pour donner des mots au présent, donner du sens et une éthique à ce grand fatras du numérique. Le marketing nous noie de ses concepts « Glitter » nés pour briller mais non pour signifier, son travail documenté et argumenté est d'aller par association au delà du sens premier.

Le « prosommateur » de 2018 passe ses loisirs dans des airbnb ruraux, voyage via RyanAir, avec du Wifi et vendra sa production Bio au marché local. Grâce à Sébastien j'ai rempli mon catalogue de mots nouveaux pour briller dans les dîners mondains parisiens, diffuser et qualifier ces nouvelles attitudes. En ce jour de démission de Nicolas Hulot je choisirai le mot « Post-démocratie » ou quand l'état confie les clés de l'action publique aux multinationales...