Le présent n'est que le futur passé...
19 Juin 2018
Demain mercredi ressort en version remastérisée, le film cultissime de Stanley Kubrick : « 2001, l'Odyssée de l'espace ». Tourné en 1968, il décrit un avenir qui aujourd'hui est notre passé, sans prendre la moindre ride. Tout se télescope dans un maelström d'images et de sons symphoniques, avec des scènes fétiches et des décors futuristes. Ce film a écrit le Futur de ma génération, à la fois prospectif, glacial, anxiogène et familier. Ode à la vie, à la mort pour certains, réécriture politiques des codes et modes de vies occidentaux pour d'autres, anticipation du transhumanisme et de intelligence artificielle, il ne peut laisser indifférent.
Empreinte du XXième siècle dans notre mémoire collective, il laisse une trace de modernité passée, un futur dépassé, comme le jersey extensible et orange recouvrant les fauteuils de Pierre Paulin. Il dessine un Futur qui aurait dû être le nôtre, une uchronie renversée, montrant et démontrant ce qui aurait pu être et qui au final sera encore plus extraordinaire, plus terrifiant. A l'aube de 2020, il semble encore nous parler d'un Futur prospectif que nous poursuivions dans ces grands thèmes avec un style « so seventies ». J'ai rêvé de vivre cela, je le vis aujourd'hui avec nostalgie.
Ce film a donc une portée philosophique et esthétique bien supérieure, c'est le témoin d'une fin de siècle technologique et conquérant, enthousiaste et ambivalent. La visite du vaisseau « Discovery One » tournant vers Jupiter, est devenue une banalité décorée et reprise tellement de fois dans des séries B, qu'il donne le tournis de justesse et de finesse. Revoir ce film, c'est faire de l'archéologie du Futur, une relecture d'un CODEX échappé d'une poche de E.T. Nous connaissons toutes ces technologies, HAL9000 s'est réincarné en Google Home et Amazon Alexa. Nous reconnaissons ces meubles, ces canapés, ces fauteuils, ces tablettes, comme à la découverte des trésors d'un grenier abandonné.
Alors en descendant la Grand'Rue à Poitiers, entre deux cours, mon œil c'est arrêté, stupéfait, devant Mourgue et Paulin. Là devant moi, un morceau du Futur comme une astéroïde tombée du ciel, venant d'un autre siècle. Là, sous mes yeux, des morceaux vivant de ce film, des bouts de mes rêves, des particules de ma jeunesse en jersey extensible. Le 20ième siècle tenait Galerie. Le Futur devenait un morceau d'antiquité, une tranche d'un gâteau oublié, de fleurs fanées aux couleurs criardes et joyeuse. J'ai poussé la porte de ce vaisseau intergalactique, je me suis jeté sur de moelleux témoins d'un passé confortable et enveloppant. Le Futur était là avec ces formes douces, féminines et sensuelles. J'étais dans ce vaisseau voguant vers Jupiter mon smartphone à la main. Le présent n'est que le futur passé...
2011 l'Odyssée de l'Espace - Eric Leguay, ma vie numérique
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http://ericleguay.over-blog.fr/article-2011-l-odyssee-de-l-espace-82652201.html
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