Maman trans et Papa cross...

Cross ? trans ? pluri ? multi ? global ? rich ? native ? depuis que les données et médias générés par les auteurs sont devenus numériques, on ne cesse de les affubler de sobriquets abscons pour illustrer leur degré d'interactivité et de collusion avec les consommateurs. Notre malheureux consommateur ni comprend rien à ce verbiage et c'est très bien ainsi. Ce qu'il recherche ? continuer son expérience avec l'univers de son héros sur tous supports. En revanche coté auteurs et éditeurs ces intitulés jettent le trouble et l'interrogation. Suis je encore crédible si je ne succombe pas aux sirènes du numérique ?

Si les auteurs en général sont perturbés par l'explosion des supports et des technologies numériques, qu'en est-il des auteurs de bande dessinée ? que peut on faire ? créer ? qui détient les clés du succès ? Qui finance ? Quid des droits numériques ? Comment intégrer son travail dans une stratégie à 360° ? L'université d'été de la bande dessinée propose des pistes et des expériences pour répondre à ces angoisses et ces interrogations, dans une ambiance taquine et studieuse.

Premier apprentissage de cette Université, la multiplicité des définitions. Pour paraphraser Stéphane Natkin de l'ENJMIN « il faut savoir de quoi l'on parle ? » et l'ensemble des intervenants ne parlent pas tous de la même chose. Chacun y va de sa vision tantôt technique! de la BD à l'iphone et à l'ipad tantôt marketing: un univers pour un public cible sur tout support, souvent économique: multiplication des opportunité de réduction des coûts et de génération de cash, et parfois drolatique: un truc fun avec des images fixes animées qui bougent sur téléphone en flash, dont vous êtes le héros.

Je retiendra pour ma part celle initiée et souvent partagée par le jeu vidéo qui consiste à perpétuer sur la base d'un univers, d'une histoire ou d'un héros, une expérience interactive sur des supports audiovisuels ou numériques. Il ne s'agit pas de simplement faire des « produits dérivés » mais bien un travail d'écriture adaptative à des supports multiformes permettant au consommateur d'être partie prenant de l'expérience et de continuer la proximité et la complicité avec son héros selon ses modes de consommation. Voici pour le transmédia, seule dénomination acceptable et acceptée...

Pour les éditeurs, s'engouffrer dans le cross ou le transmédia, a pour objectif d'optimiser la rentabilité de ses investissements initiaux réalisés sur un support physique. L'industrie du cinéma puis celle du jeu vidéo ont vite intégrés ce modèle économique sans forcément connaître le succès auprès du public. Pour les auteurs cette exigence nouvelle est surtout une nouvelle contrainte forte. Un auteur de BD n'est pas un expert en « GamePlay » et ce n'est pas son métier où alors il perd son âme. Difficile équilibre surtout que les exemples proposés n'ont toujours pas atteint leur seuil de rentabilité, ni leur seuil de créativité.

Comme le dit très justement Claudia Zimmer de AVE!Comics, la technologie doit être agnostique et servir les auteurs. Nicolas Devos « Cros Media Storyteller » chez Ankama nous parle de la création de cette talentueuse structure comme celle d'un RockBand avec des fans en ligne et des passionnés en studio. De cette expérience on retiendra le modèle Japonais, de créer tout un univers déclinable sur tous supports par capillarité et grande proximité avec son public.

Du coté des opérateurs téléphoniques comme Orange ou des diffuseurs, comme Lagardère Active, le discours change radicalement, il devient implacable, cynique et marketing. Le transmédia est perçu comme l'outil stratégique primordial pour générer du cash et surtout rendre encore plus captif le consommateur. Si l'administrateur Moulinsart gestionnaire des droit d'Hergé avait par le passé collé Tintin sur des tasses à café aujourd'hui la chaine Gulli propose un GPS. On a envie de dire « Tout ça pour ça ? L'auteur ne devient plus qu'un sticker positionnable et repositionnable à l'infini sur des boites de CornFlakes et ! « des tasses à café ». Difficile de trouver sa place face à ces mastodontes qui pèsent plusieurs milliard d'euros.

Du coté des écoles, l'équation est tout aussi difficile. D'un coté ne pas succomber à cette génération spontanée de verbiage fleuri qui ne traduit ni de nouveaux métiers et pas toujours des débouchés d'importance. De l'autre s'assurer que les enseignements sont et seront suffisamment adaptatifs aux nouvelles exigences des entreprises. Ce que les écoles intègrent et les « Gobelins, l'école de l'image » est un bon exemple est la vision pertinente des besoins des entreprises à imaginer des formes nouvelles de communication et d'interactions avec l'usager consommateur sur des supports numériques présents et à venir...

http://www.citebd.org/

http://www.ankama.com/fr

http://www.gulli.fr/

http://www.avecomics.com/

http://www.ouat-e.com/

http://www.gobelins.fr/