La rumeur enfin démentie : Poitiers ne subit aucune invasion noire du 9-3.

Depuis quelques mois, plusieurs municipalités de province telles que Niort, Poitiers, ou encore Châlons-en-Champagne, font les frais d’une rumeur tenace circulant sur le web : elles auraient passé une convention avec la Seine-Saint-Denis (le 9-3, comme disent les gens cultivés) pour accueillir des familles noires en échange de subventions. Pire encore, les habitants des villes précitées seraient à l’origine de la diffusion de ces bruits de comptoir. Rémi Noyon, dépêché à Niort par Rue89 pour enquêter sur ceux-ci, y a recueilli le témoignage anonyme suivant : « Bien sûr que madame le maire fait venir des gens du 9-3 contre de l’argent. Il n’y a pas de fumée sans feu. Des Noirs, il y en a de plus en plus. Ils viennent bien de quelque part ! »

Relayé par de nombreux médias, le fantasme de l’invasion du 9-3 jette le discrédit sur les citoyens de nos provinces. Racistes, ces derniers refuseraient absolument toute installation de Noirs et d’Arabes dans le périmètre de leur cité, fût-ce en lointaine banlieue.

Source : http://www.fdesouche.com/418029-la-maire-de-niort-porte-plainte-contre-une-fausse-rumeur-du-9-3

Or, les habitants de Poitiers rejettent formellement toute accusation de racisme anti-noir. Et ils le prouvent. En 732, il est connu de tous que Charles Martel n’a arrêté que les Arabes dans la douce campagne poitevine. Poitiers n’a donc jamais rejeté les Noirs, bien qu’elle ait attendu jusqu’à la fin du XIXe siècle pour offrir à ceux qui étaient alors appelés « indigènes » des infrastructures d’accueil adaptées, dans des villages reproduisant fidèlement l’architecture soudanaise.

Dans son édition du 20 juin 1899, L’Avenir de la Vienne, journal républicain, annonce l’événement avec un légitime enthousiasme : « C'est demain mardi 20 que la caravane des noirs arrivera à Poitiers. Les noirs prendront place dans les voitures de la Compagnie d'Orléans et seront conduits à leur campement, vrai village africain. Un coin du Soudan et du Sénégal sera donc visible au public à partir de demain 3 heures de l'après-midi. Madame Gravier qui en est à sa dixième année d'exhibitions a su réunir une troupe présentant des types différents comme aspect et comme profession. Nous y trouverons le cordonnier, le bijoutier, le graveur, etc., qui chacun dans leur genre montrent une exécution parfaite des travaux qui leur sont dévolus. Disons que les entrées au village noir seront fixées à 1 franc pour les grandes personnes et à 0,5 franc pour les enfants et les militaires. Le village noir est desservi par deux portes, l'une donnant accès à l'Exposition industrielle et l'autre sur la route de Bordeaux à l'angle du cirque, celle-ci ne donne accès qu'au village noir. Messieurs les amateurs de photographies seront autorisés à prendre dans le village des vues instantanées seulement ».

Rien à voir, donc, avec les affreux zoos humains, attractions phares des expositions coloniales présentées à la même époque dans les grandes villes telles que Paris !

Source : http://learning.londonmet.ac.uk/languages/french/french/passe/cannibale2/zoos/home.htm

A Poitiers, les villages noirs sont vastes et aérés, construits en bois solides. Les habitants, loin de regarder de haut les indigènes, se mêlent volontiers à ceux-ci.

(copyright Centre Presse)

Source:http://www.centre-presse.fr/article-215752-quand-poitiers-exposait-br-des-noirs-a-cote-de-blossac.html#prettyPhoto

Hier comme aujourd’hui, Poitiers est donc bien loin de subir une quelconque « invasion » de hordes de jeunes à casquette et capuche tout droit issus de leurs banlieues séquano-dionysiennes. Revendiquant hautement les traditions de l’accueil poitevin, la ville est au contraire fière d’accueillir les populations noires depuis plus d’un siècle, en mettant à leur disposition des logements confortables, dont les lignes harmonieuses, dignes d’une skyline américaine, donnent un coup de neuf à la vieille cité médiévale.

Crédit photo : Eric Leguay