Le présent n'est que le futur passé...
2 Juillet 2011
Pour clore cette série célébrant les 20 ans du département Multimédia de Gobelins, attardons nous sur cette fin du XXième siècle, où les grandes fiertés de la France se nomment Airbus, Ariane, TGV et Minitel. Ce réseau embryonnaire initiateur d'internet, installa dans l'esprit des Français, l'idée de pouvoir de chez soi, accéder à des services pratiques et également réaliser des achats en ligne bien avant le e-commerce. D'abord en test dans l'ouest de la France, le Minitel se généralisa pour atteindre plus de 3 millions de connectés à des services simples, bon marchés et sécurisés.
Ce fut surtout la grande fierté des ingénieurs de France Télécom, fleuron du service public, que d'offrir une informatique centralisée accessible par des terminaux de saisie. Dans les années 80 puis 90, trouver une adresse, un numéro de téléphone, acheter son billet de train, commander à La Redoute, discuter sur un Forum ou trouver sa moitié se fait tout naturellement sur le Minitel. Le 3615 précède systématiquement chaque marque, enseigne ou service à la manière du « dot com » dix ans plus tard. Nous semblions nous satisfaire de l'absence d'image, de la lenteur d'affichage ou de l'impossibilité de sauvegarder, quoi que se soit mais l'usage était simple et le boîtier gratuit. Une économie florissante à coup de page écran et de Minitel Rose se mit en place et le secteur s'affubla du nom de « télématique ».
Si à cette époque vous étiez cadre ou commercial dans le secteur informatique vous rouilliez en GOLF ou en 205 mais toujours en GTI. Pour parfaire votre panoplie vous aviez dans votre auto un RadioCom 2000. Ancêtre du téléphone portable distribué par la « Société Française de Radiodiffusion » (SFR) vous pouviez frimer au volant tout en téléphonant. Le GSM était plus que balbutiant et il faudra encore attendre. En 1992 après les bottes en caoutchouc, NOKIA se lança dans la téléphonie mobile et entra au NASDAQ en 1994. Dès lors la téléphonie mobile est lancée et son succès est mis en orbite.
En France, c'est ITINERIS de France Télécom qui en 1992 offre les premiers services de téléphonie mobile GSM. C'est à l'époque un réseau encore très faible, une couverture très aléatoire et un service effroyablement coûteux. L'abonnement sans communication est facturé 190 Frs par mois (28 euros) et 2 frs la minute (30 Cts d'euros). Téléphoner est le seul service proposé et la consultation de sa messagerie est payante. Les usagers feront un pied de nez aux opérateurs en continuant à envoyer des sms et texto moins coûteux. Il faut dire que Tam-Tam, Tatoo et Kobby connurent un incroyable succès surtout chez les tribus de jeunes urbains (3 frs le message de 80 caractères sans abonnement).
Parfois le génie français de nos ingénieurs dérape à la manière surréaliste de Boris Vian. En 1991 France Télécom lance un « terminal mobile de radiocommunication téléphonique » économique nommé Bi-Bop. Sa particularité: vous ne pouvez qu'émettre et pas recevoir d'appels et pour fonctionner vous devez vous tenir sous un poteau ayant un autocollant Bi-Bop spécifique. Vous ne me croyez pas ? levez les yeux, ils reste encore des autocollants un peu partout en ville. Téléphones intelligents et internet embarqués sont la norme aujourd'hui pour offrir toujours plus de services nomades, géolocalisés et intuitifs. désormais il y a forcément une application pour ça...