Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Eric Leguay, ma vie numérique

Le présent n'est que le futur passé...

Sapristi ! La sacristie !

Le collège Henri IV ancien collège de Jésuite, fête cette année ses 400 ans. Le lieu est imposant et incontournable à la fois monument de la ville et monument de la Contre-Réforme. On est pourtant loin du « H4 » parisien, mais ici la scolarité est signe de grande qualité. L’endroit en impose aux jeunes collégiens qui arpentent ses couloirs lugubres et surdimensionnés. Le lieu est si vaste qu’il faut un satellite pour assurer la couverture Wi-Fi , il n’y pas de place à la rationalité ni au cocooning.

De ce lieu écrasant et sombre, la seule partie visible du grand public est La chapelle Saint-Louis. Elle donne sur la rue Louis Renard à deux pas de la place du Maréchal Leclerc et sert de lieu d’exposition temporaire. Si cette chapelle mérite le détour par le faste Baroque de son chœur, c’est pour une autre partie que je vous convie à la visite. Car une fois l’exposition de vos yeux engloutis, par une porte basse vous pourrez accéder, si vous en avez la possibilité à la sacristie.

Car ici cette sacristie est traitée à la manière d’un boudoir de prélat. Tout de bois sculpté dans la plus pure tradition décorative du XVII ième siècle, cette bonbonnière chaleureuse et intimiste tranche et contraste avec l’univers de pierre noirâtre et froide de l’établissement. Le plafond subtilement peint, rend la pièce légère et accueillante. Les boiseries dissimulent des tiroirs et des passages secrets pour mener au reste du bâtiment. Le clergé avait bon goût et savait soigner son confort et sa qualité de vie. Des banquettes de bois courent le long du mur tout en cachant des coffres à vêtement.

On se sent bien dans ce décor tout de miel lambrissé et encaustiqué. On aurait presque envie d’y venir pour déjeuner le dimanche après la messe tant la légèreté et la délicatesse de la pièce invite à la méditation et au plaisir. Voici donc planté le décor fabuleux d’une trame narrative qui ne demande qu’à s’écrire. Car que d’histoires et d’intrigues cette sacristie a pu connaître sans que jamais le chêne lambrissé ne trahisse les secrets des chuchotements des jésuites.

Sans plagier le Da Vinci Code de Dan Brown, c’est souvent la qualité et le mystère du lieu qui fait la qualité de l’intrigue. L’auteur n’a souvent qu’a pousser une porte dérobée, passer sa main sur un sculpture de Chérubin, examiner la Cène au dessus du buffet, pour laisser courir son imagination et bâtir un roman. C’est ce sentiment que j’ai ressentie en pénétrant dans cette pièce dissimulée au regard du simple. J’avais envie de déchiffrer le lieu, ouvrir les portes, scruter les tiroirs, examiner les passages, réécrire la vie secrète des passagers.

A défaut de littérature et de film, j’imaginais rapidement ce décor sous l’angle d’un niveau de jeu vidéo à la manière d’un Myst ou d’un Riven. L’interactivité du jeu permet d’ouvrir les portes et les tiroirs pour y collecter des indices et des objets dans un univers 3D réaliste. J’ai eu la chance sur differents projets de croiser le talent de quelques infographistes qui excellaient dans la recréation de lieux anciens. Un éclairage, une ombre portée, un angle de vue et de leur palette, ils arrivent à ressusciter la magie énigmatique de la scène.

Les infographistes qui travaillent sur les films en 3D ou les décors de jeux vidéo sont très souvent de fabuleux capteurs d’émotions et de sens. Ils observent et traduisent avec des boules et des cubes, des décors magiques et féeriques, base de tout bon Gameplay et de toute bonne immersion ludique. Ils sont souvent extrêmement documentés et ont leur collection personnelle de lieux symboliques, et leur bibliothèque de textures. Ils traquent la boiserie défraîchie, la porte vermoulue, la pierre moussue et le lustre déglingué qui une fois numérisées et modélisées se retrouveront dans le décor d’un jeu.

C’est parce que des lieux, comme cette sacristie, sont accessibles et visibles à tous que des vocations et des talents peuvent naître. C’est aussi grâce à la fabuleuse richesse architecturale et décorative de la France que bon nombre d’infographistes se cultivent et se documentent pour être reconnus sur la planète 3D.

 

Pour en savoir plus :

 

http://hiv.education.cg86.fr/

La chapelle Saint-Louis du collège Henri IV

Jésuites de la Province de France

Myst Worlds

3D Artists - Philippe Moebius

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
C
Bravo, jolies photos, j'ai quasi les mêmes... alors comme cela ont est allé visiter l'exposition de Lyro ;)
Répondre