Ce n'est jamais un week end ordinaire que d'aller à Angoulême. D'abord lorsqu'il y fait très beau comme ce week end dernier, l'escalade de la vieille ville depuis la gare TGV prend un relief tout particulier. Ce qui frappe le visiteur, est la ferveur comunicative des milliers de jeunes passionnés qui arpentent les allées du festival. C'est bien la preuve que tous les jeunes de ce pays ne sont pas des "no life".
Il s'agit bien un festival, mais celui-ci est fait de bulles en papier, c'est de la bande dessinée. On est très loin de la croisette et des stars. Les stars ici sont accessibles, dessinateurs, scénaristes, coloristes, éditeurs, tous font le déplacement en Charentes, pour être proche de leur public.
Cette année les Stroumpfs ont 50 ans, 50 ans à vivre sous la crainte de Gargamel, 50 ans à vivre en tribu avec une seule femme et 50 ans à subir la loi du grand Stroumpf. Alors cette petite exposition en plein air, nous replonge dans nos souvenirs d'enfance, même si parfois notre regard se trouble lorsque le Stroumpf prend des airs d'Asterix ou qu'il est entouré de drôles de Stroumpfettes.
Car la raison première, qui pousse ces passionnés de BD, est le contact incroyable avec les auteurs. La scéance de dédicace est le motif premier du déplacement, même s'il faut attendre plusieurs heures pour approcher son héros. Attention l'auteur ne se contente pas de vous demander votre prénom et de mettre un ephrase banale et répétitive sur la couverture de son livre. Ici, l'auteur va dessiner sa dédicace qui sera vôtre et passera ainsi 10 minutes de complète complicité avec vous.
Alors il y a foule, mais tous restent sagement et patiemment à attendre de repartir avec la griffe d'un dessinateur. Ils peuvent attendre 2 heures, les plus expérimentés et outillés viennent avec un siège pliant et une gourde. Pour ma part je me suis prété au jeu et c'est un moment d'une grande intensité, de voir arriver son tour et de balbutier quelques mots devant son auteur préféré.
Car cette année, c'est sans nul doute Jean-Yves Ferri qui eu la faveur du public avec son album "De Gaulle à la Plage". Pour une fois que ce n'est pas "Martine" récemment détournée avec brio, cet album est un fou rire garanti pour les historiens. Imaginer de Gaulle en tong bronzant aux cotés de Tante Yvonne, il fallait du culot et de la dérision. Alors avec émotion j'ai attendu mon tour, 1 heure 30 d'une très lente avancée pour la rencontre avec l'humour et le talent de Jean-Yves Ferri.
J'ai été gâté, il m'a fait la dédicace demandée, celle d'un de Gaulle demandant la libération du Poitou. C'était à la fois un clin d'oeil croisé à mes amis Québéquois et Poitevins. En période pré électorale et à l'heure de la suppression des départements, le souvenir du "Grand Homme" devint mystérieusement nostalgique.
Ce festival a beaucoup évolué, il laisse une part de plus en plus importante à toutes les formes du dessin, comme le Manga. Tout un immeuble est dédié à cette forme Japonaise de la BD. C'est le "Manga Building" qui donne un cachet Tokyoite à la cité charentaise. Seul le Manga sage est représenté ici, c'est dommage car le Manga le plus populaire au Japon est très érotique et pornographique.
Arrivée en force également du dessin Chinois avec cette année un pavillon dédié à l'art du dessin sur papier, d'artistes Chinois, en prévision des "Jeux Olympiques de Pékin". Si la Manga Japonaise va jusqu'à l'extrême simplification du trait, la BD chinoise est au contraire une explosion de couleurs vives saturées et acidulées.
C'était un petit aperçu de la dernière édition de ce festival toujours aussi populaire. C'était aussi l'occasion du souvenir de la présentation de la première BD interactive sur CD-Rom "Le piège diabolique". Après le succès de "L'opération Teddy Bear" d'Edouard Lussan, nous avions décidé chez index+ de faire naître une nouvelle écriture interactive sur Cd-Rom, c'était il y a 10 ans. Aujourd'hui les BD sont sur le net. J'aurai prochainement l'occasion de vous présenter la créativité graphique des blogueurs.