Louvre Abu Dhabi

Lieu magique, les pieds dans l'eau aux portes du désert : le Louvre d'Abu Dhabi est le dernier joyaux que c'est offert l'héritier d'une famille de bédouin, dont nous fêtions les 50 ans de la construction d'un état. Le raccourci semble peu élogieux, mais la réalité sublimée dépasse l'attente. Le lieu d'abord ; encore en chantier, envahi de sable, soufflé de vent, accablé de chaleur, subissant la sécheresse et l'aridité, sont les pires conditions de construction d'un Musée. Pourtant ce grand dôme flottant, soucoupe volante patrimoniale, sur une médina blanchie au allure de Casablanca, invite le visiteur souhaitant fuir la torpeur écrasante de l'après midi.

Le lieu est vaste mais terriblement vide. Ici tout est grand et lumineux, attendant la constitution d'une collection propre au Musée. Les revenus du Pétrole devraient aider l'institution a acquérir des œuvres. Le Louvre est le garant muséographique et la Signature incontournable pour attirer les foules. Prenant de court les anglosaxons, la France sous Chirac a pour une fois tiré la première en attendant l'arrivée prochaine d'une version locale du Guggenheim, et son architecture typique de Franck Gehry.

Sur sa lancée de l'Institut du Monde Arabe, et sa maîtrise du moucharabieh, Jean Nouvel a travaillé sa sobriété et son épure, pour proposer une déambulation accessible, qui n'écrase pas le visiteur et révèle les œuvres. L'entrée est modeste presque discrète évoquant l'accès d'une tente pour déboucher sur une entrée tamisée. Même la climatisation indispensable est maîtrisée et acceptable pour un confort de visite maximum. En plus de l'incontournable exposition permanente en cours de constitution, deux expositions temporaires offrent au visiteur un regard différent sous l’œil bienveillant du Louvre.

La muséographie est de qualité, avec la grande surprise de la disparition de dispositifs numériques dont la première version s'était fait l'écho. Les cartouches sont judicieusement rédigés en français, anglais et arabe avec une intelligence de présentation et une grande pédagogie dans le propos. Revenons sur la prétention d'universalisme de la collection présentée. C'est un respect permanent de toutes les cultures et le Musée se propose de faire dialoguer dans le respect les différentes cultures.

C'est donc un dialogue permanent qui est proposé entre les cultures orientales et occidentales, l'exposition temporaire Dragon et Phoenix en est l'illustration. Ne nous y trompons pas derrière cet universalisme de façade, les collections ne seraient pas reniées par Facebook. Tout est lisse, consensuel, académique, aucune œuvre clivante, ni manifeste et pas de corps féminins dénudés. A raison de 5 à 6 œuvres par salles la visite se conclue rapidement avec l'émerveillement et la surprise de retrouver des œuvres connues que l'on n'imaginait pas sur place. Ces œuvres sont évidemment prêtés mais leur présence sur place rend la visite aussi impressionnante que la découverte des œuvres impressionnistes au MET de New-York.