APPLE NO SEX

Rentrée oblige, Steve Jobs, le gourou d'Apple présente les nouveautés de l'année, lors d'une « keynote-spectacle » dont il a le secret. Cette grand messe est réglée comme du papier à musique, sobriété maximum. Dans un décors sombre, l'homme apparaît décontracté seul en scène. Ce « one man show » a pour mission d'impressionner la foule des journalistes, acheteurs et revendeurs de la planète entière. Rien que le produit et uniquement le produit, telle est le point centrale de ce spectacle. Le produit vraiment ? où l'homme qui le met en scène ? comme un dieu créateur qui ferait apparaître à sa seule volonté et par sa seule imagination « son oeuvre » cachant par la même les centaines d'ingénieurs, de chercheurs qui officient en coulisse. Cela fait depuis 1984 que cette eucharistie informatique dure avec succès et talent. Depuis le premier Macintosh qui sur scène s'alluma comme par magie pour dire « Hello », Steve répète à l'envie ce tour avec des ficelles de plus en plus grosses.

Dans le pays de ce «Majax» numérique, la machine s'enraye parfois avec des téléhones qui refusent de téléphoner surtout si l'on est gaucher ou des tablettes graphiques dépourvues de la moindre connectique. Qu'importe, on ne critique pas l'oeuvre du « créateur », on s'incline platement, et l'on sort sa carte de crédit pour ces grigris numériques. Steve Jobs ayant atteint la fusion complète et parfaite avec la marque à la pomme, que les « croyants », je veux dire les « consommateurs » partent immédiatement en croisade pour sauver la réputation du gourou. Acceptant ainsi sans broncher ni critiquer les défaillances courantes de ces jouets hors de prix mais si brillants et si statutaires.

Voilà que notre « David Copperfield » de la souris, a une fâcheuse tendance à mélanger ses produits avec sa morale emprunte d'une pudibonderie bien américaine. S'il est prêt à nous faire casser la tirelire pour nous faire croquer la pomme, il est en revanche formellement interdit de nous encanailler avec des jeux adultes dans son Panthéon de modernité. Pas de sexe chez Apple, l'App Store relaie ce message avec une grande efficacité en censurant à tout va. Donc pas de photos coquines, pas de sites de rendez vous, pas de jeux grivois et de magazines de charmes sur son iphone. Apple veille à la bonne moralité de ses ouailles. Cette censure va plus loin, puisque même certains mots, liivres, magazines ou illustrations sont victimes de l'inquisition version Cuppertino. Charlie Hebdo vient d'en faire les frais, Ils sont de plus en plus nombreux, surtout dans cette vieille Europe aux moeurs dissolues à subir les foudres du divin. Bienvenue à tous dans ce jardin d'éden fabuleux, imaginé par Steve Jobs, où la pomme a bouffé le serpent...

http://www.rue89.com/rue69/2009/07/13/pour-sauver-la-vertu-de-son-iphone-apple-censure-a-tout-va