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Eric Leguay, ma vie numérique

Le présent n'est que le futur passé...

Je vis ma vie numérique

Je vis ma vie numérique

Ce blog que vous lisez, cher lecteur, a été créé en 2007 à l'occasion des élections présidentielles. Je suivais très attentivement les débuts d'une élection interactive, participative avec l'apparition des réseaux sociaux, des Web Tv, et la diffusion massive des Blogs. Nous vivions cela avec 5 ans de décalage sur les élections de George W. Bush. Militant actif de l'ère informatique, promoteur infatigable du jeu vidéo et prophète assumé de la transformation numérique, je n'ai cessé depuis cette date et même bien avant de rêver, fantasmer sur l’émergence d'une vie numérisée, nomade, accessible à tous, accessoirisée de gadgets les plus fous. J'ai trépigné devant l'inaction du Politique et contribué par mes réalisations à convertir ce pays à la dématérialisation. Déjà durant mes études à l'Université de Nanterre je voyais les pupitres des amphis remplacés par des ordinateurs. Lors de mon passage chez Apple France, j'ai œuvré en 1987 autour du concept de «Knowledge Navigator» préparant ainsi la sortie du « Newton », ancêtre primaire et rudimentaire de l'iPhone et de l'Ipad.

Vous comprendrez en regardant cette vidéo, combien j'ai rêvé de ce monde là, combien j'ai été impatient de toucher du doigt ces concepts et combien j'ai imaginé mon pays se plonger dans la modernité. J'en ai fait des colloques et des séminaires pour parler de ce futur numérique qui provoquait angoisses ou impatiences. Je connaissais 2001 L'odyssée de l'Espace, image par image, plan par plan. Je savais au plus profond de moi qu'un jour nous allions vivre comme cela. Sans doute l'avais je déjà vécu pour en être à ce point persuadé, car il fallait qu'elle arrive enfin cette ère numérique pour nous sortir de l'âge de pierre. A force d'acheter mon vingtième ordinateur depuis mon ZX Spectrum puis mon Mac Plus, mon dixième mobile, NOKIA, Sony-Ericsson devenu smartphone Samsung, Xiaomi, ma cinquième tablette, ma troisième caméra numérique, mes APN, mes lecteurs MP3, mes écrans Photos et les Bernouilli Box et autre Syquest, je commençais franchement à m'impatienter.

Je vis ma vie numérique

Janvier 2020, voici qu'un « pangolin », pseudo habituellement utilisé par des joueurs de jeux vidéos allait d'un coup d'un seul nous propulser dans le futur. Sans crier gare, cette bête à écailles comestible en Chine, dont l'équivalent est une espèce approchante aux Amériques : le Tatou, allait nous confiner pour 2 mois. Le tatou fut l'emblème de l'éditeur Lyonnais Infogrames , devenu ATARI, pour un Geek comme moi, c'était un signe évident du Grand Dessein comme disent les Américains. Nous voici confinés, obligés de nous débrouiller avec comme injonction gouvernementale de nous convertir au tout numérique, travailler, consommer, se distraire, se rencontrer, se plaire, trinquer, apprendre, se voir, enseigner, s'engueuler... Pour un pays qui se lamente sur son retard et dont le niveau de compétence numérique des élites est pathétique, l'enjeu est vital. Nous voici comme à l'image des masques et du Gel, contraint de se démerder face aux défaillances de l'état.

Je vis ma vie numérique

Pour cause de continuité pédagogique, mes cours à l'Université se sont déroulés via ZOOM ou TEAMS et mes rdv professionnels via SKYPE et parfois WhatsApp. Suréquipé, j'ai dû composer avec le réseau capricieux de la fibre SFR ex Numéricable qui devait selon le commercial m'assurer un Haut débit en toutes occasions... mais ça c'était avant la pandémie. Ma première joie fut de ne plus perdre mon temps dans le ReR A et accessoirement ne plus me lever aux aurores pour attraper un TGV à Montparnasse. Il m'a fallu réorganiser mes cours en présentiels de 3 heures en pédagogie inversée, avec des vidéos en mode Youtubeur et en séance de visioconférence. Plus de 30 ans après j'étais ce professeur de la vidéo APPLE assurant de façon délocalisée, numérique et en pantoufles et caleçon mon « Knowledge enseignement ».

Je vis ma vie numérique

Les petites vignettes laissent entrevoir les visages de mes étudiants, chambre rangée à la hâte, lit encore défait, studio de fortune. Il faut penser à soigner son arrière plan, ses animaux de compagnie, le chat. C'est aussi valable pour moi dont le bureau laisse deviner une collection permanente de Lapins Crétins et la surprise de voir mon père faire du Bombing en direct. Tout est fin prêt pour le début d'une catastrophe annoncée au premier jour de confinement. Enseigner en live n'a rien de très simple puisque l'absence totale d'interactions avec la classe pénalise l'échange et favorise le décrochage. Je n'étais pourtant pas novice en la matière ayant connu les joies d'un travail collaboratif entre « Gobelins l’École de l'image » et Le « San Francisco Art Institut » avec ma complice de toujours Aïda. Comme nous étions benêt à nous extasier en 2010 d'une telle prouesse visible déjà dans 2001. 10 ans plus tard, chacun continue de s'esbaudir, de se mirer via une Web Cam, tout en résolvant des problèmes techniques et d'interminables configurations logicielles.

Alors voilà qu'après deux mois de vie sous bocal et de relations numériques, je peux dresser un bilan en demi teinte. Mon enthousiasme d'abord de voir se jouer sous mes yeux la partition écrite depuis tant d'années. L'efficacité du télétravail, le temps gagné sur les transports, le raccourcissement des réunions, le changement complet dans les relations professionnelles et le changement du statut de l'enseignant vont définitivement bouleverser les organisations sociales pour de nombreuses années. Je n'ai jamais autant travaillé que durant ces deux mois et autant participé à des projets notamment au Maroc et en Tunisie. Très naturellement je propose à chacun de mes contacts un rdv en visio avec une très grande efficacité. Je pense que dans un avenir proche je vais privilégier la visio-conférence pour les cours plus proche du coaching que du cours magistral et limiter le présentiel aux échanges et à la discussion, n'est-ce pas cela aussi l’objet de l'Université ?

Je vis ma vie numérique

Alors qu'en 2007 à l'occasion de la sortie d'un Hors Série Télérama « Quelle égalité voulons nous ? » et d'un échange avec le sociologue Philippe Breton, je rédigeais un post sur l'avenir de l'enseignement. Je suis plus de 10 ans après, mis en situation d'apprécier mon discours. Je ne changerai pas grand chose de ma vision de l'époque, si ce n'est l'immense frustration de la pauvreté des échanges et du coté désincarné de la diffusion du savoir. La distanciation physique ne peux être une fin en soi mais le moyen de mieux conjuguer sa qualité de vie et son travail. Voici donc que la boucle est bouclée. Je confirme mon syndrome de la Cabane et confirme aussi mon intention de plus en plus justifiée de FUIR Paris et sa région avant 2024... D'ici là on se retrouvera pour un Apéro ZOOM.

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